Depuis plusieurs années déjà, le Qatar, émirat troisième producteur mondial de gaz, a pris pied dans l’économie française. En France, il a investi notamment chez Vinci, Lagardère, LVMH mais s’est aussi offert une vitrine médiatique en rachetant le PSG. Cette fois, le Qatar va investir 100 millions d’euros, selon les informations révélés par Libération lundi, dans les banlieues françaises. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a en effet approuvé la création d’un fonds qatari destiné à financer des projets d'entrepreneurs de quartiers populaires.
Quelle est la spécificité de ce fonds ?
Ce fonds, initialement prévu à 50 millions d’euros, sera élargi par rapport au projet d’origine à toutes les « zones françaises paupérisées », qu’elles soient rurales et urbaines. L'Etat devrait aussi y prendre une participation, ainsi que le privé français histoire d'assurer un minimum de contrôle. « Ce sera un fonds franco-qatari, comme il y a un fonds franco-chinois ou franco-émirati. Cette mixité irait au-delà de la présence des deux Etats, l'idée étant que l'apport français soit porté également par des fonds privés», a indiqué lundi une porte-parole du ministère du Redressement productif.
Pourquoi a-t-il fait polémique ?
En 2011, l'Association nationale des élus locaux (Aneld), un groupe d'élus militant pour l'amélioration des banlieues, décide de solliciter l’aide du Qatar et obtiennent 50 millions d’euros. Mais le fonds a sucsité rapidement les protestations de l'extrême droite, qui prétend que cela conduirait à une « islamisation » des banlieues. Pour Marine Le Pen, il s’agissait d’« un financement communautariste » en faveur du « fondamentalisme musulman ». Le projet est gelé en mars, mais en juin, le Parisien révèle qu’Arnaud Montebourg aurait laissé entendre que le fonds ne serait plus destiné aux banlieues, mais à toutes les PME françaises, créant une nouvelle polémique. Enfin, lundi, la présidente du FN réagissait encore écrivant dans un communiqué qu’«Arnaud Montebourg démontre que notre pays est bel et bien à vendre aux monarchies pétrolières qui soutiennent par ailleurs, partout dans le monde, l'islamisme radical et le djihadisme».
A qui profitera ce fonds ?
Initialement réservé aux entreprises situées en banlieue, le fonds serait élargi à toutes les zones françaises paupérisées. Il ciblerait « des territoires, où il y a une forme de vitalité économique, comme dans certaines banlieues (...) et où les investissements ne suivent pas » selon le ministère qui ajoute : « Ce n'est pas du tout un fonds industrie ». Le ministère viserait donc les PME, c’est-à-dire des projets de plus grandes ampleurs que ceux prévus à l’origine. Plus de 400 dossiers ont déjà été soumis pour profiter de ce fonds.
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