La réunion des Dix-sept hier a permis d’éviter le pire. L’Union Européenne va apporter une nouvelle aide à la Grèce de 158 milliards d’euros. Divisée en deux parties, elle comprend 109 milliards d’euros de prêts de l’Europe et du Fonds monétaire international, le reste étant apporté par les créanciers privés de la Grèce, autrement dit les banques, assureurs et fonds d'investissement qui ont prêté de l’argent au pays. Cette dernière aide est une victoire pour l’Allemagne qui ne souhaitait pas voir uniquement les seuls états payer pour la Grèce. Le plan de sauvetage prévoit aussi de nouveaux prêts, une réduction du volume de la dette d’Athènes et des conditions plus favorables pour les crédits accordés au pays. Mais les dirigeants européens ne sont pas au bout de leur peine et craignent un défaut de paiement, même si le ministre de l’Economie, François Baroin et la ministre du Budget Valérie Pécresse sont plutôt optimistes. La Grèce devrait rembourser sa dette qui s’élève à 350 milliards d’euros mais fera quand même défaut à certaines échéances de ses remboursements. Les agences de notations ont déjà prévenu qu’elles considéreront cela comme un défaut partiel de paiement.
Malgré tout, ce sommet montre la solidarité des pays européens, comme le souligne Anne-Laure Delatte, professeur d’économie à l’école de commerce de Rouen, sur Europe 1 : « C’est quasi historique. Je pense qu’on a réussi là à montrer aux marchés une solidarité européenne […] et d’autre part, on a réussi à montrer au peuple européen que les créanciers privés allaient mettre la main à la poche ». Mais d’autres s’interrogent quant à la viabilité de ce plan sur le long terme. « A court terme ça l’est, mais à moyen terme, cela sera insuffisant. Les Grecs ont besoin d’une réduction considérable, bien plus importante que ce qui est envisagé aujourd’hui, du montant de leur dette. Certains ont envisagé une réduction de moitié, et ça serait probablement ce qu’il faudrait envisager à moyen terme » affirme au micro d’Europe 1 Dominique Plihon, professeur d’économie à l’université Paris Nord.
Le président Nicolas Sarkozy a cependant annoncé hier que « les mesures tolérées pour la Grèce ne seraient pas tolérées pour d’autres ». Reste à savoir si les mesures prises lors de ce sommet extraordinaire à Bruxelles permettront de mettre à l’abri d’autres pays déjà en difficulté comme l’Espagne ou l’Italie.
Claire-Marie Allègre
(Source : Le Parisien)
Crédit photo : Comstock
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