Culture
Leçon de bonheur par Yolaine de la Bigne
Publié le 22 septembre 2010 à 06:00
Par Alix Foriel
Le bonheur tombe sous le sens pour Yolaine de la Bigne. C’est pour cela que la journaliste et fondatrice de Néoplanète signe un ouvrage piquant, pratique et bien fait, intitulé « Le bon sens dans la vie c’est le bonheur. » Entretien avec une femme heureuse.
Leçon de bonheur par Yolaine de la Bigne Leçon de bonheur par Yolaine de la Bigne
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Terrafemina : Vous avez beaucoup travaillé sur le bonheur. Pourquoi pensez-vous que le bon sens peut rendre heureux ?


Yolaine de la Bigne : Ce que l'on appelle le Bon sens est une façon de réfléchir, de choisir les bonnes options et donc d'éviter le malheur. Un exemple basique et évident : s'astreindre à un minimum d'hygiène de vie (manger correctement et pas trop, consulter régulièrement des médecins, faire un peu de sport...) donne un corps plus sain, plus beau, évite pas mal de problèmes de santé qui peuvent être évités etc. C'est si logique que cela semble stupide de le dire, mais regardez autour de vous le nombre de gens qui ont des hygiènes de vie déplorables, mangent n'importe comment, se goinfrent de bonbons toute la journée, ne sont pas propres (les chiffres de vente de savons et de brosse à dent en France sont affligeants !) etc.
Un autre exemple : beaucoup de femmes ne vont pas chez un gynécologue chaque année, or le bon sens est d'être suivi régulièrement pour éviter de nombreux problèmes notamment des cancers. Ou encore, les gens qui ont mal au dos mais ne font jamais un exercice de gymnastique, sont assis toute la journée n'importe comment devant leur ordinateur.... Il suffit souvent de pas grand-chose.
Je pense que notre société nous propose tant de plaisirs, d'objets, de tentations que l'on en oublie de garder la tête froide. Il faut résister, savoir dire non et se concentrer sur l'essentiel. Pour notre bonheur et celui des autres. C'est du bon sens

TF : Le bon sens, c'est comme une recette de grand-mère, cela se transmet de génération en génération. Est-ce toujours le cas ? Et vous, comment avez-vous trouvé toutes ces idées ?


Y. B. : Autrefois, le bon sens était une obligation car les gens vivaient avec moins de confort, plus près de la nature donc ils devaient trouver des astuces et des principes de bon sens pour avoir un quotidien le plus agréable possible. Certains l'ont transmis en effet mais je pense que cela dépend des gens, de leur environnement, de leur culture. Certains semblent menés par l'obsession de leur image, la soif de pouvoir et tout ce qui nous empêche de garder la tête sur les épaules. C'est pour ça que j'ai voulu écrire ce livre, tout simple, mais parce que justement ce sont souvent les choses les plus simples qui sont les plus intelligentes

TF : A en croire votre livre, le bon sens, c'est aussi une question de valeurs : gentillesse, ouverture aux autres, bienveillance... ?


Y.B. : Bien sûr ! Des psychologues font des études qui coûtent une fortune pour nous prouver des évidences qui auraient fait hurler de rire nos grand-mères : quand on sourit, ça donne aux autres l'envie de vous sourire ; quand on rend service, on vous rend un jour ou l'autre l'ascenseur ; être très riche ne rend pas heureux car on devient angoissé à l'idée d'être moins riche, on ne sait plus qui vous apprécie pour votre argent et qui vous aime vraiment etc. Il suffit de regarder, une fois de plus, autour de soi pour comprendre que les gens généreux, sympathiques, ouverts, souriants ont l'air plus détendus. Mais là encore, notre société a décrété que les gentils étaient niais et les optimistes pas clairvoyants. Les Français n'aiment pas trop les gens heureux, ça ne fait pas sérieux et ça les rend jaloux. On se régale des histoires sordides, on aime critiquer ceux qui réussissent. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays, notamment les USA, où l'on est fasciné par les success story. Le " pour vivre heureux, vivons caché " est typiquement français

TF : Quel est le principe de bon sens le plus important à vos yeux ?


Y.B. : Réfléchir. Le plus souvent possible. Quand on achète quelque chose (en ai-je vraiment besoin ? C'est bon pour ma santé ? Ca sert à quoi ?) pour éviter tous ces vêtements qu'on ne portera pas, ces objets qui ne servent à rien, ces gâteaux industriels qui font grossir.... Penser à sa vie, faire le bilan de temps en temps, se poser les bonnes questions sur notre rapport aux autres, à notre boulot. Réfléchir avec ceux qu'on aime, leur parler vraiment et ne pas avoir honte de ce que l'on est même quand on fait des erreurs, personne n'est parfait (le manque de communication mine nos vies), lutter contre la culpabilisation inculquée par nos éducations et qui ne sont pas toujours bonnes conseillères, voyager et sortir pour mieux comprendre le monde et nous aider à mieux penser nos vies etc. C'est une des raisons de la grande mode de la marche (randonnées, balades du dimanche, pèlerinages) car on réfléchit beaucoup quand on marche. Réfléchir c'est aussi prendre conscience de la chance inouïe que nous avons : la majorité d'entre nous mange, dort, a des amis alors que dans le monde près d'un milliard d'individus ont faim et ne mangeront pas ce soir. Rien que pour ça, je me dis tous les jours que j'ai de la chance et que la vie est belle ! Ne pas l'oublier, c'est du bon sens.

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