Le gouvernement l'a décidé : l'année 2013 sera placée sous le signe de l'égalité professionnelle. Car le constat est alarmant. Si l'accès au marché du travail est une source d'épanouissement pour les femmes, les inégalités d'une point de vue salarial ou organisationnel sont criantes. Et ce ne sont pas les seules. Selon les chiffres de l'Observatoire des inégalités, 98% des employés de maison et 80% des caissiers et agents de distribution sont des femmes. À l'opposé, 80% des informaticiens et 66% des ouvriers dans la manutention sont des hommes.
« Aujourd'hui, les professions exercées par la moitié des femmes actives se concentrent sur une dizaine de secteurs d'activité, alors qu'il en existe près de 80. On les retrouve principalement dans les métiers liés à la sphère privée, comme l'aide aux personnes, le secrétariat, l'enseignement primaire ou la petite enfance », énumère Brigitte Grésy, inspectrice des Affaires sociales et auteur du « Petit traité du sexisme ordinaire ». Cette réalité, elle l'explique par « les stéréotypes qui emprisonnent, dès leur plus jeune âge, les femmes dans une répartition sexuelle des métiers ». Et de pointer du doigt « la reproduction des assignations faites aux femmes, à laquelle concourt tout le système : l'école, les parents et les jeunes filles elles-mêmes. »
Mais depuis quelques années, les entreprises semblent avoir pris conscience du problème et rivalisent de bonnes pratiques pour y remédier. Ainsi, pour augmenter ses effectifs de cheminotes, la SNCF organisait en novembre dernier son premier « Girls Day », une journée portes-ouvertes à destination des lycéennes préparant un bac technologique. Renault tente également de susciter des vocations chez les plus jeunes en encourageant « les étudiantes des filières scientifiques notamment, à intégrer le groupe dans le cadre de stages », comme l'explique Magali Gouraud, designer chez le constructeur automobile. « Elles sont ensuite incitées à rester grâce à des projets qui leur sont confiés », ajoute-t-elle. Pour la marque au losange, ces écoles constituent de véritables viviers de talents, dans lesquels elle n'hésite pas à recruter ses futurs collaborateurs, qu'ils soient hommes ou femmes.
Des initiatives que Brigitte Grésy félicite. « Il est important de déconstruire les stéréotypes dès le plus jeune âge et de valoriser la mixité dans les métiers et branches professionnelles à dominance masculine. Il faut communiquer, montrer que ces professions sont ouvertes aux femmes », plaide-t-elle. Et justement, certaines femmes qui, elles, n'ont pas hésité à faire carrière dans un univers où elles sont minoritaires font figure d'exemple, à l'instar de Pascale Malmasson. Ingénieure chez Renault, elle affirme avoir « toujours été fascinée par l'automobile » ; travailler dans un milieu scientifique était pour elle une « évidence ». Aux femmes qui craignent d'exercer dans un tel environnement, elle assure qu'il ne faut ni hésiter ni avoir d'interdit. « On peut être une femme, travailler dans un milieu masculin et être très bien accueillie. Dans tous les secteurs, qu'ils soient considérés comme masculin ou féminin, il y a suffisamment de place pour tout le monde. »
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