Laëtitia Rodier : On est comme dans un tunnel, tout est allé tellement vite qu’on n’a pas eu le temps de réaliser. Mais depuis vendredi, on se rend vraiment compte de ce qui nous attend : on a eu nos gilets avec nos noms, ça devient concret. On ressent un mélange d’enthousiasme, d’excitation mais aussi de stress. Et pour ma part, je suis très émotive…
Sylvie Quittot : Oui, et puis il a fallu aussi finaliser le travail, tout organiser pour essayer de se mettre dans la course, prendre des automatismes. Il fallait aussi prévenir la famille, les collègues, leur donner des indications pour nous suivre, pour communiquer. Nous avons même organisé une présentation photo au bureau avec les images de notre stage de pilotage et de navigation, pour leur faire partager ce que nous allons vivre…
S. Q. : Globalement bien, même si beaucoup de nos collègues hommes étaient déçus de ne pas pouvoir participer…
L. R. : Mais, c’est essentiel. En imposant un rallye uniquement féminin, les femmes vont oser participer alors qu’elles ne le feraient peut-être pas pour une autre course.
S. Q. : C’est vrai. Au Rallye Aïcha des Gazelles, il y a 70% de débutantes, dont nous d’ailleurs. Je ne me serais jamais lancée dans un Paris-Dakar où tous les participants ont déjà cinq années de course derrière eux…
L. R. : Ce rallye, c’est une belle ouverture pour les femmes dans le monde automobile. Mine de rien, depuis qu’on est petites, on nous le présente comme un univers masculin. Or, aujourd’hui nous sommes aussi des passionnées et cette épreuve 100% féminine nous permet d’oser y aller.
S. Q. : Ma motivation, c’était de découvrir un nouveau sport. Je travaille dans le monde automobile (Sylvie est leader ingénieur chez Renault, NDLR), ça me tentait depuis longtemps. En 1998, j’avais déjà posé ma candidature, et ça n’avait pas abouti. Ensuite, je suis partie sur autre chose. Mais dernièrement, j’étais libérée de tout autre challenge sportif et je me suis lancée.
L. R. : Moi je ne suis pas sportive comme Sylvie mais je suis une passionnée d’automobile. J’ai toujours su que je voulais travailler là-dedans (Laetitia est pilote calculs systèmes liaison au sol chez Renault, NDLR). Et j’avais toujours imaginé que le rallye était inaccessible pour moi. Quand notre entreprise, Renault, nous a offert cette opportunité, j’ai sauté sur l’occasion !
S. Q. : Notre plus grande qualité sera l’endurance : nous sommes toutes les deux sportives. Et notre défaut… ce sera d’être débutantes ! On risque de perdre du temps au début, parce qu’on va vérifier notre parcours régulièrement…
L. R. : Évidemment, nous avons eu un stage, mais nous nous poserons encore beaucoup de questions… Notre qualité, ce sera l’endurance mais aussi la complémentarité : Sylvie a l’expérience de la compétition, la sagesse. Moi, je suis très dynamique, très optimiste aussi, un peu trop parfois, et il faut me canaliser…
L. R. : On a acheté du chocolat, des bonbons, en se disant que ça nous ferait du bien ! Sinon je n’ai pas vraiment de gri-gri mais j’ai pris un porte-clés Schtroumpf auquel je tiens…
S. Q. : Non, rien de particulier, j’ai simplement pris mon MP3, j’ai besoin d’écouter ma musique, ça me détend, c’est vraiment important pour moi.
Pour suivre les participantes, le blog Vent de sable.