« Ce goût pour la cuisine, il a toujours été là, aussi loin que remontent mes souvenirs… » Pascal se rappelle quand, âgé de cinq ans, il regardait sa grand-mère dépecer le lièvre pour en faire des terrines - pas avec dégoût, mais avec fascination. À la maison, il est toujours à côté de sa mère quand elle cuisine, à rajouter des choses dans ses plats, à aller au-delà des recettes... Déjà, il se verrait bien cuisinier ; mais il comprend que ce n’est pas un métier pour ceux qui sont bons à l’école, et on le pousse à faire des études. En école de commerce, pas de plats de nouilles le soir pour cet étudiant pas comme les autres, qui se cuisine des canards à l’orange et maîtrise déjà le soufflé de homard.
Devenu cadre commercial export, il voyage régulièrement, et rapporte à chaque fois à la maison des aliments de l’étranger. Car la cuisine, c’est aussi une histoire de famille : sa femme Nathalie est un cordon-bleu, et chacun de leurs cinq enfants mettent volontiers la main à la pâte. « Chez nous, il n’y a pas une seule boîte de conserve, et on n’a pas de micro-ondes depuis quinze ans au moins », assure Pascal. À la maison, la bibliothèque fait la part belle aux livres de cuisine, nouveaux ou anciens – notre chef adore reprendre et adapter de vieilles recettes (son plus vieil ouvrage date de 1815). Naturellement, quand Masterchef commence en 2010, Pascal devient vite accro. Et en regardant les épreuves, il se dit que lui aussi serait peut-être capable d’en faire autant…
Un dimanche de décembre 2011, un ami l’appelle et le pousse à se lancer ; pour le défi, il se laisse tenter, et le voilà qu’il passe l’après-midi à préparer sa candidature. « Je pensais ne pas correspondre à la cible, les candidats sont en général assez jeunes, confie Pascal, 55 ans. Je n’y croyais pas plus que ça. » Deux mois plus tard, il reçoit contre toute attente un coup de fil de la production ; la première étape d’un long processus de sélection. Bien sûr, la question du travail se pose : il a un poste de directeur commercial, une situation établie qu’il doit quitter pour une durée indéterminée s’il participe à l’émission. Mais son patron est conquis par son projet et le soutient totalement. Et puis il y a sa famille, entièrement derrière lui : « Ils étaient presque plus excités que moi ! », rit Pascal. « Tout ça m’a aidé à garder un état d’esprit libre pour la compétition, sans pressions de l’extérieur. »
La suite, on l’a vue à l’écran, jusqu’à l’épisode du 4 octobre. Le jour de la diffusion de son élimination, Pascal a un petit coup de blues : ça y est, l’aventure est bien finie. Mais le groupe est là, heureusement, et les candidats se soutiennent mutuellement, se revoient encore - d’ailleurs, coup de fil pendant l’interview, c’est Julie, la candidate belge de Paris, qui appelle. De cette « coloc à 19 » que Pascal appréhendait un peu, il n’en retire qu’une grande richesse. « Autour d’une même passion, la différence d’âge, le statut social ou l’origine régionale disparaît. On parlait cuisine, on vivait cuisine… » Il termine huitième – en sept semaines, il a appris plus qu’en trente ans de cuisine.
Masterchef est terminé, mais pour Pascal tout ne fait que commencer. Très occupée, la nouvelle star de Nantes enchaîne en novembre une démo de cuisine dans un collège, puis une animation à l’école de commerce de la ville. Et en décembre, il participera au Défi des chefs, dans le cadre du Téléthon, où il devra préparer un menu complet pour 36 personnes aux côtés de grands chefs de la région - parmi les pros. D’ailleurs, s’il y a bien une chose que Pascal retire de son expérience, c’est la solidarité et l’entraide qu’il a découvert dans le milieu de la cuisine. Certains chefs sont allés à sa rencontre après l’émission pour lui offrir leur aide, des conseils ou des stages. « En passant par la télé, je m’attendais à un peu de jalousie, de mépris de la part des professionnels, avoue Pascal. Au contraire, j’ai été bluffé par leur gentillesse et leur ouverture. »
Un milieu professionnel dont il fera bientôt partie... Notre candidat a en effet depuis une dizaine d’années un projet de table d’hôtes dans le Massif Central pour sa retraite, mais en participant à l’émission, il se fait une promesse : s’il arrive dans les dix premiers, il lance son restaurant dès 2013. Chose promise, chose due, la Table des Roy recevra dans le centre-ville de Nantes ses premiers clients dès la fin janvier. Ambiance bistro le midi, plus formelle le soir, une quarantaine de couverts, des plats qui changent tous les jours, une carte des vins du terroir local. « Le beurre blanc nantais au muscadet et aux échalotes, j’en fais un beurre rose iodé, à l’eau d’huître » : la cuisine, si elle est d’inspiration régionale, est revisitée. Tout est histoire de passion.
Crédit photo : Presse Océan
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