Sur Instagram, Tumblr et autres réseaux sociaux, il y a les photos de fitspiration et leurs assiettes débordant de fruits… Et les adeptes des hashtags #instafood #instaburger ou #foodporn, qui publient à l’envi des clichés de burgers saignants. Dans tous les cas, l’effet provoqué par ces photos n’est pas celui escompté. Au lieu de faire saliver les internautes, ces photos auraient tendance à couper l’appétit, en troquant l’intérêt gustatif pour l’intérêt visuel. Explications.
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs de la Brigham Young University (Utah, États-Unis) ont demandé à 232 volontaires de regarder des clichés de nourriture. Une moitié devait se concentrer sur des plats salés, tandis que l’autre moitié regardait des plats sucrés. Ensuite, un snack salé leur a été servi. Résultat de l’étude, publiée dans le Journal of Consumer Psychology : les personnes ayant contemplé des plats salés avaient moins d’appétence pour leur snack. Selon Ryan Elder, coauteur de l’étude, c’est parce que le plat virtuel lasse du plat « IRL » (in real life) : « En fait, vous vous lassez du goût d'un mets sans même l'avoir dégusté », explique-t-il. Il serait donc difficile d’apprécier un plat à la fois avec ses papilles et avec sa rétine : « C'est de l'ennui sensoriel - l'esprit est déjà passé à autre chose. On ne veut même plus de l'expérience gustative », poursuit le chercheur.
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En tous cas, force est de constater que cette nouvelle habitude de mitrailler son plat passionne les chercheurs. Du côté du Women’s College Hospital (Toronto), on estime que prendre en photo son assiette est révélateur de troubles psychologiques. Une autre étude de Toronto juge en revanche que prendre en photo son plat le rendrait meilleur. Au lieu de finir à moitié névrosé, à moitié écœuré devant son plat, autant arrêter le téléphone à table.