Le kouign-amann, le célèbre gâteau au beurre de Bretagne, est, comme disent les rappeurs, « offishal » à New York city. Et cet aura incontestable, la spécialité régionale de Douarnenez dans le Finistère la doit au chef pâtissier français Dominique Ansel. Ce dernier, dont la réputation n’est plus à faire outre-Atlantique, n’a eu de cesse, depuis l’ouverture de sa boulangerie en 2011 au sud de Manhattan, de promouvoir cette galette ronde aussi appétissante qu’étouffe-chrétien. Une gageure lorsqu’on sait que le bobo new-yorkais est, à l’instar de tous ses congénères des autres capitales du monde, aussi soucieux de sa ligne qu’amateur de mets raffinés.
L’antithèse donc de la philosophie gourmande du kouign-amann qui, pour la peine, a peu l’habitude d’être consommé en petites bouchées. Et pourtant, ça marche du feu de dieu, comme l’atteste la queue quotidienne devant son échoppe située sur Spring street, affluence qui ne devrait pas s’estomper au vu de sa dernière trouvaille… Car là, autant dire que le facétieux Dominique Ansel – déjà inventeur du « Cronut », fusion inédite entre un croissant et un donut – a poussé le bouchon très loin. « Far far away », dans un pays de cocagne et d’agapes où cholestérol et autres artères bouchées ne sont que chimères. Le chef français a ainsi embarqué son trio classique – farine de blé, beurre demi-sel et sucre – pour l’acoquiner avec un bon gros steak, du fromage fondant et ces pickles si prisés dans cette région du monde.
Assemblez le tout et attachez solidement votre serviette autour du cou, le résultat est gargantuesque : voici le premier « burger kouign-amann ». Une sorte de Frankeinstein de la gastronomie capable de faire s'évanouir d’effroi la tragédienne Arielle Dombasle. La « chose » a été présentée en avant-première, lundi 10 mars, au pays des cowboys : Austin, Texas. Pas de morts à déplorer depuis… Il se dit même que c’est très bon. Ce savant fou qu’est Dominique Ansel est, paraît-il, des plus doués.