L’enseignement privé, qui scolarise près d’un élève sur cinq en France (deux millions) et emploie 135.000 professeurs, a décidé de rendre cette fois public son manifeste à l’attention des candidats à la présidentielle, et d’imprimer sa marque dans la campagne. Éric de Labarre, le secrétaire général de l’enseignement catholique, a souhaité que l’école ne constitue pas un thème purement électoral, « prétexte à des surenchères ». Il a donc demandé d’«arrêter l’empilement des réformes », et les effets d’annonce qui affichent l’éducation comme « la priorité des priorités » tout en prônant une rigueur budgétaire « a priori contradictoire » avec de tels desseins.
La santé de l’ensemble du système éducatif repose, à ses yeux, sur une plus large autonomie des établissements. De leurs chefs d’une part, qui ne sont pas de simples administrateurs mais des « animateurs d’équipe » qui doivent pouvoir recruter et évaluer le personnel éducatif. De leurs enseignants, d’autre part, qui doivent bénéficier d’une liberté pédagogique et pouvoir « adapter leurs pratiques professionnelles au contexte culturel et social dans lequel ils interviennent », comme il le déclarait dans un entretien accordé à La Croix mardi. Cette liberté se traduit, pour Mr de Labarre, par une circulation des enseignants du primaire au collège et inversement. La refonte des cycles qu’il préconise doit améliorer l’apprentissage d’un socle commun, avec l’objectif d’une maîtrise de ces savoirs fondamentaux par 100% d’une classe d’âge à l’entrée en sixième.
Tout en affichant « la neutralité » du privé, M. de Labarre a balayé l’idée avancée par le chef de l’État Nicolas Sarkozy, de revoir le statut des enseignants et leurs obligations horaires de service dans le secondaire. Dans son interview accordée au quotidien, le secrétaire général a jugé que la proposition de François Hollande de créer 60.000 postes « semble impossible » étant donné « la situation budgétaire » du pays. À l’angle des moyens, il substitue l’angle des adaptations pour un système plus souple. « On peut continuer à faire des économies, mais cela suppose de redéfinir l'offre de formation », a-t-il expliqué lors de la conférence de presse. Ainsi, « en allégeant d’une heure l’emploi du temps hebdomadaire très chargé de collégiens (27 heures environ contre 28), on pourrait gagner de 13 000 à 15 000 postes », a-t-il déclaré au même journal. D’ailleurs, dès la rentrée 2012, le privé va connaître une baisse globale de 30 minutes de classe par semaine en collège. 14.000 postes vont être supprimés dans l’Éducation nationale en 2012, dont 1.350 dans le privé. « On est allé au bout du système », a-t-il tranché.
Élodie Vergelati
(Sources : AFP, la-croix.com)
Crédit photo : Photodisc
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