Jean-Jacques Hazan : Les travaux à domicile posent plusieurs problèmes ; ils influent sur le rythme des enfants, le rythme scolaire et sont stigmatisants. Ainsi, les enseignants estiment souvent que 10 à 15 minutes suffiront aux élèves pour faire les exercices demandés mais bien souvent, ils nécessitent deux fois plus de temps. Par ailleurs, ces mêmes professeurs présentent les devoirs comme des entraînements. Or, la plupart du temps, les exercices donnés à faire à la maison concernent des notions qui n’ont pas été vues en classe, et ce, par manque de temps. Comment un enfant peut-il approfondir des connaissances qu’il n’a pas encore étudiées et sans les explications de son enseignant, qui plus est ?
Outre le fait d’être chronophages, ces devoirs empiètent sur la vie de famille et créent des tensions. Ils sont en effet la source d’une guérilla permanente entre parents et enfants alors que leur efficacité pédagogique n’a jamais été prouvée. Par ailleurs, alors que le gouvernement tente depuis plusieurs années de trouver le meilleur rythme scolaire pour les élèves, les devoirs ne leur offrent aucun temps mort. Au terme de leur journée d’école, ils rentrent à la maison et doivent encore travailler. C’est tout de même aberrant ! Que feraient les salariés s’ils devaient chaque soir rentrer chez eux avec du boulot ?
Enfin, les devoirs à la maison peuvent être très discriminants. Et pour cause, si certains parents sont qualifiés, d’autres ne le sont absolument pas. Cette possibilité, pour les élèves, d’être aidés ou non à la maison renforce les inégalités. Et d’une manière générale, les parents ne sont pas les mieux placés pour accompagner leurs enfants dans les devoirs. Ce n’est pas leur rôle.
J-J. H. : Qu’ils le croient, c’est fort possible mais ils se trompent. L’école a été créée pour que les élèves travaillent en classe et aient les mêmes chances de réussite en étant accompagnés par un professeur. Si les devoirs deviennent indispensables, c’est qu’il y a un problème. Peut-être l’enfant ne participe-t-il pas suffisamment ? Dans ce cas, il faut trouver une solution pour qu’il soit moins auditeur et davantage acteur.
À la FCPE, nous estimons qu’une nouvelle pédagogie doit être instaurée. Tant que les béquilles que sont les devoirs et le redoublement seront maintenues, le système éducatif français continuera à se dégrader. Nous sommes convaincus que contraindre nos enfants à faire des exercices qui n’ont pas prouvé leur efficacité et tuent toute vie de famille, n’a aucune utilité. Mieux vaut attiser leur curiosité. Ainsi, dans les classes Freinet, dans lesquelles les devoirs n’existent pourtant pas, les résultats scolaires ne sont pas moins bons que dans les écoles classiques.
J-J. H. : Parents et enseignants doivent prendre conscience que des mesures peuvent être prises pour transformer l’école et qu’il est urgent de le faire. Il faut absolument abandonner le système des notes, des devoirs à la maison et le redoublement. Ce triptyque élitiste est, selon moi, la principale cause de l’échec de l’école française.
Nous voulons donc provoquer un dialogue, un débat conduisant à la transformation de l’école telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’Éducation nationale, les enseignants, les parents, tous les acteurs du secteur doivent réfléchir à la place de l’école dans la société et trouver un nouveau schéma.
Nous n’affirmons pas avoir trouvé la solution miracle pour inverser la tendance actuelle mais nous proposons simplement d’essayer. Les écoliers et leurs parents sont actuellement victimes d’une aberration et, si on ne cherche pas d’alternative, les prochaines générations rencontreront les mêmes problèmes. D’ailleurs, la France n’est pas le seul pays à se plaindre des devoirs et des inégalités que ces derniers engendrent. Nos voisins belges sont dans la même situation.
Le blog de l’opération « Ce soir pas de devoirs »
Crédit photo : AFP
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L’école est-elle has been ?