Sébastien Sihr : Cette mesure arrive après un épisode calamiteux en octobre dernier, lorsque le ministère avait proposé un dispositif de repérage des élèves de grande section de maternelle distinguant des élèves « à risques ». Suite à la polémique, le ministre avait fait machine arrière. Aujourd’hui il souhaite mettre en place un programme d’aides différencié aux élèves en grande difficulté en grande section de maternelle dans dix domaines clés. Ce programme est composé de deux parties. Des tests d’évaluation que l’enseignant peut utiliser s’il a un doute chez un élève, en l’occurrence dans le domaine phonologique. Si ces tests confirment les difficultés, des exercices d’entraînement sont alors mis à disposition des enseignants dans le cadre de l’aide personnalisée.
S.S. : Nos critiques se portent sur le fait de vouloir proposer des exercices qui ne développent qu’une seule approche, comme si les enfants qui ont des difficultés devaient tous rentrer dans le même moule. Ce sont surtout les fiches phonologiques qui nous posent problème. Nous sommes en désaccord total avec ces exercices. Au final, on ne tient pas compte des problèmes très divers que peuvent avoir les élèves. Ces exercices paraissent inadaptés et mal ficelés. On ne pense pas qu’ils vont aider les élèves. Au contraire, ceux qui pourront en tirer profit sont ceux qui ont déjà des bases solides. Les plus fragiles vont encore plus être mis en difficulté. Cette approche va amener de la confusion.
S.S. : Il faut certes des outils d’aide aux élèves en difficulté. Mais il faut vérifier que ces outils fonctionnent. Or, on ne sait pas sur quels travaux de recherche s’appuie le ministère. C’est de l’obscurantisme. Les enseignants attendent qu’on leur prouve que cette approche est efficace, qu’on leur montre les résultats. Il faut lever le voile sur cette opacité. Le plus important pour les professeurs, c’est le bien-apprendre et le bien-être des élèves. Ce que nous préconisons, c’est surtout de développer la formation professionnelle des enseignants. Il faut porter ces outils à leur connaissance, leur permettre de se les approprier. Il faut multiplier les services à disposition des enseignants pour savoir quel type d’aide ils vont fournir et à quel type d’élève.
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