Alors que les campagnes de sensibilisation sur les dangers des écrans se multiplient, nombreux sont les jeunes garçons de 14 à 16 ans à avoir accès à des contenus inadaptés. En effet, selon une étude qualitative commandée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à l’institut TNS Sofres, 43% des 11–13 ans et 68% des 15–17 ans ont déjà accédé à des contenus choquants sur le web.
Et pour cause, comme le constate Françoise Laborde, membre du CSA, dans les colonnes du Parisien, « la télévision en famille, c’est fini ! C’est un plaisir solitaire avec ce que cela implique comme dépendance ». D’autant que, depuis plusieurs années déjà, le poste trônant au milieu du salon n’est plus la panacée pour visionner des programmes. « Les ados regardent essentiellement des images sur leur téléphone portable, confirme d’ailleurs la présidente du groupe de travail sur la protection des mineurs. Ils visionnent seuls ou avec des copains, à la récré notamment ».
Ainsi, alors qu'en 2004 déjà, 80% des garçons âgés de 14 à 18 ans et 45% des filles avaient vu au moins un film pornographique dans l’année, la tendance ne s’est pas inversée huit ans plus tard. Bien au contraire. En cause, une curiosité s’agissant de la sexualité. « Chez les garçons, c’est devenu une sorte de premier rite de passage vers l’âge adulte, un acte d’affirmation de soi », explique Jérémy Piquandet, auteur de l’étude, au journal Le Parisien. Et d’ajouter : « Tous disent qu’ils manquent d’informations sur les rapports sexuels et qu’il est facile de télécharger des films X sur Internet et Smartphone ».
Dans cette situation, les parents sont souvent démunis. En effet, si, en théorie, les logiciels de contrôle parental doivent leur permettre de surveiller l’activité de leur progéniture sur Internet, la réalité est toute autre. Il n’est pas rare que des pages censées être bloquées passent entre les mailles du filet. Quant aux Smartphones, les logiciels de surveillance n’en sont qu’à leur début ; il est donc très aisé pour les plus jeunes de surfer sans contrainte.
Et quand bien même, pour Patrice Huerre, pédopsychiatre à Paris et membre du groupe d’experts de l’enfance auprès du CSA, la rencontre des plus jeunes avec des images inappropriées est désormais inévitable. « Empêcher de visionner est impossible, estime-t-il. On ne peut plus faire comme si on pouvait tout limiter, mais on peut préparer les enfants et commencer très jeune une éducation à l’usage des écrans. » Une éducation indispensable car « l’irruption d’images pornographiques très tôt a un potentiel excitant, mais aussi traumatique car les jeunes ne savent pas quoi en faire », prévient le spécialiste.
(Source : Le Parisien)
Crédit photo : iStockphoto
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