C'est la rentrée

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C'est la rentrée

Publié le 6 septembre 2012 à 11:14

Par Nathalie Blu-Perou

Nathalie Blu-Perou, notre blogueuse-contributrice, nous raconte aujourd'hui avec beaucoup de poésie la rentrée le regard d'une maman sur la première rentrée de sa fille. Cap redouté et visions d'un avenir où l'enfant prendra peu à peu son envol, la première rentrée des classes reste un souvenir marquant pour beaucoup de mamans.

C'est la rentrée© iStockphoto / Think Stock

Lorsque le "bip" du réveil retentit et qu'au bout de quelques instants, enfin, il parvint à s'installer dans ma conscience, tu avais déjà pris une bonne longueur d'avance. Sur l'heure, sur moi, sur ton destin.

Petit bout de femme se tenant droite devant moi, m'enjoignant d'un air grave et solennel d'accélérer le mouvement, pour ne pas être en retard.

Déterminée et fière, tu enfilas toute seule les vêtements choisis la veille, avant de t'endormir, au milieu de tes poupées, le coeur battant.

Choix ô combien délicat puisque tels les films épais dont on recouvre livres et cahiers pour les protéger, les vêtements de rentrée ont cette ingrate mission de devoir rendre la peau des écoliers imperméable aux caresses du vent, aux baisers du soleil, aux frissons du grand large.

Tu as eu un léger pincement au coeur, petite, et tu as fait la moue lorsque le coton imbibé d'acétone emporta les dernières paillettes de tes ongles vernis aux couleurs de l'arc-en ciel.

Evaporée aussi, dans les effluves acides, l'odeur de sable chaud, sel de mer et pain au chocolat, de tes petites mains potelées.

Dernière inspection du cartable. Il faut vérifier que tout y est. Et surtout que rien ne déborde. Pas même nos coeurs un peu trop gros, ce matin.

Encore quelques pas, ta main recroquevillée dans la mienne, avant d'arriver devant le grand portail tout gris où, il y a plusieurs années déjà, pour la première fois je lâchais tes petits doigts.

Tandis que la cloche sonne et sans me rendre compte vraiment, je fixe en moi pour la journée - à vrai dire, peut-être même pour la vie entière - l'image de tes yeux outre-mer, mêlés tout à la fois d'appréhension, de joie, d'impatience et de fierté.

Un sourire, un clin d'oeil et ta petite main disparaît en un signe, derrière la vitre brouillée de ta salle de classe.

Oui je sais, ma petite coupine, ma toute petite pote préférée, c'est la rentrée. Et je sais aussi que très vite, trop vite, de moins en moins ta petite main me retiendra.