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Décrochage scolaire : "Trouver une solution adaptée à chaque élève"
Publié le 19 septembre 2012 à 18:06
Par Ide Parenty
À l'occasion de la cinquième journée de refus de l'échec scolaire, une enquête Trajectoires/Afev publiée mercredi montre que les classes de troisième et de seconde seraient propices au décrochage scolaire. Mais alors, quels sont les facteurs qui l'entraînent et comment le prévenir ? Nous avons posé la question à Thierry Berthet, directeur de recherche CNRS au centre Émile Durkheim, Institut d'études politiques de Bordeaux.
Décrochage scolaire : "Trouver une solution adaptée à chaque élève" Décrochage scolaire : "Trouver une solution adaptée à chaque élève"© AFP/Archives
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Terrafemina : Le taux de scolarisation a légèrement baissé en France depuis 15 ans. Comment expliquez-vous cette baisse ? Et quelles sont les conséquences sur le marché du travail ?

Thierry Berthet : Effectivement, le taux de scolarisation a baissé dans une proportion faible et qui pose question. Mais, ce qu’il est important de constater, c’est que le phénomène du décrochage scolaire tend à diminuer sur une longue période. En trente ans, le pourcentage de sortants sans aucune qualification a été quasiment divisé par trois. Mais, et c’est essentiel de poser la question au regard du marché du travail, les métiers non-qualifiés sont aujourd’hui massivement occupés par des personnes qualifiées. En 1982, les bacheliers occupaient 2% des emplois non-qualifiés, 21% en 2007. Les « décrocheurs » ont donc de moins en moins de place sur le marché du travail. Cette connexion forte avec le chômage des jeunes est ce qui rend la question du décrochage scolaire si problématique aujourd’hui…

Tf : Selon une étude publiée ce mercredi, ce sont les classes de seconde et de troisième qui sont charnières, pourquoi ? Quelles sont les principales causes du décrochage scolaire ?

T.B. : Cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où ces classes constituent des paliers d’orientation importants et qu’il y a un lien fort mais loin d’être exclusif entre orientation et décrochage. Si celui-ci est un phénomène complexe, qui atteint de nombreux élèves (environ 150 000 jeunes par an) de tous milieux, certains restent plus exposés que d’autres. Les enfants des classes populaires sont davantage touchés, les garçons le sont plus que les filles, tout comme les élèves de la voie professionnelle « orientés » vers un cursus court. D’autres facteurs interviennent aussi, comme le rejet répété des vœux d’orientation formulés par des élèves dont les préférences sont probablement trop peu prises en compte. Et si certains pays comme le Québec ont développé des méthodes intéressantes pour détecter le décrochage scolaire, il reste très difficile à déceler. Et quoi qu’il en soit, ces techniques ne font sens que si des moyens pour soutenir et aider ces élèves sont mises en place en amont dans la scolarité et au sein des établissements scolaires.

Tf : Le ministre de l'Éducation nationale a dénoncé jeudi dernier une « orientation subie et non choisie » et a réaffirmé son ambition de diviser par deux le nombre de « décrocheurs » du système scolaire. Est-ce réalisable selon vous ? Peut-on inverser la tendance et si oui, comment ?

T.B. : La faible place laissée aux élèves et à leur famille dans les procédures d’orientation est une donnée importante du problème, tout comme l’est la question de l’affectation (trouver une place dans un établissement de formation, ndlr). Le volontarisme politique est une bonne chose et abaisser le nombre de décrocheur est à l’évidence un objectif viable. De nombreux dispositifs de remédiation existent déjà et de nombreuses expériences conduites par les acteurs locaux font émerger de nouvelles solutions. Il manque de mon point de vue un investissement plus fort en moyens et une mise en cohérence de tous ces dispositifs assez éclatés. En particulier, trouver la bonne solution pour chaque élève pris individuellement me semble constituer un enjeu de premier ordre.

Crédit photo : AFP/Archives

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