Olga Trostiansky : En effet, lors de la conférence sociale organisée les 9 et 10 juillet derniers, les partenaires sociaux et associations ont eu la possibilité de soumettre leurs pistes de réflexion au gouvernement, notamment sur la question de l’égalité professionnelle. Nous avions donc soumis nos propositions avant que les négociations ne s’ouvrent le 21 septembre entre l’Etat et les partenaires sociaux. La possibilité d’un congé parental plus court et mieux rémunéré faisait partie de nos propositions, et nous sommes contents de voir qu’elle a été reprise. Actuellement, le congé parental est d’une durée de 3 ans, une période longue, qui a des conséquences négatives pour les femmes et leur retour à l’emploi. En fonction du nombre d’enfants, ces congés peuvent se cumuler, et laisser les femmes durant de longues années sans activité professionnelle. Par ailleurs, ce sont pour l’instant plutôt des femmes bénéficiant de revenus faibles qui optent pour un congé parental. S’il était mieux rémunéré, il pourrait alors intéresser des femmes aux revenus plus élevés et des hommes.
O.T. : Pour nous, ce qui est important, c’est que les mesures avancées s’accompagnent d’un partage de la parentalité entre les parents. Nous souhaiterions voir le congé parental passer de 3 ans à 1 an, et que cette année soit partagée en deux : 6 mois pour la mère, 6 mois pour le père. Si l’une de ces périodes de six mois n’était pas prise par les parents, alors elle serait perdue. Cela inciterait à mieux partager ce congé entre les parents, l’objectif principal étant d’éviter un retrait durable des femmes du monde du travail. Actuellement, certaines femmes prennent ce congé car elles n’ont pas obtenu de place en crèche et n’ont pas d’autre choix pour faire garder leurs enfants. Il faut donc également faire attention à ne pas diminuer le temps du congé parental sans avoir créé les conditions de mise en place de cette nouvelle forme. Il faut qu’il soit accessible à l’ensemble des femmes. Nous demandons donc à ce que la réforme du congé parental soit accompagnée de la création de places d’accueil pour les jeunes enfants.
O.T. : Les modes de garde ne sont pas forcément les crèches, mais également l’accueil des 2-3 ans en maternelle. Les créations de postes annoncées en ce sens par Vincent Peillon sont une réponse, mais pas suffisante en termes de volume. Nous attendons plus de ce côté-là. Par ailleurs, la question du retour au travail des mères relève également d’un sujet de culture de l’égalité entre hommes et femmes en France. Il faut que les hommes et les femmes puissent être présents dans les faits auprès de leurs enfants. Que l’on soit vraiment dans le partage de la parentalité au sein du couple. Pour ce faire, il est essentiel de développer et d'inculquer une culture de l’égalité, dans les entreprises et de façon plus générale. Il faut également aider et encourager les hommes qui veulent s’impliquer dans leur vie familiale.
O.T. : Nous soutenons évidemment cette mesure, mais souhaiterions la voir accompagnée d’autres moyens de lutte contre les inégalités professionnelles. Il faut en parallèle lutter contre les temps partiels contraints, réformer l’imposition globale des couples, mettre fin au culte du présentéisme dans les entreprises ou encore modifier les représentations des rôles sexués dans la société. Autant de leviers qui doivent être actionnés en même temps, pour plus d’égalité professionnelle.
Crédit photo : Pixland
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