La violence contre les femmes n’attend pas le nombre des années. Près de 70% des jeunes femmes âgées de 18 à 25 ans disent avoir subi au moins un type de violence sexiste (agression verbale, moquerie), selon un sondage Ifop pour l’association Paroles de Femmes. Un quart ont été victimes de harcèlement, 14% ont subi des actes violents et près d’une sur dix a subi une agression sexuelle. Des chiffres alarmants, qui mettent clairement en cause le milieu scolaire, puisque 61% des jeunes filles disent avoir subi ces violences au sein de leur école, collège ou lycée, les premières manifestations de cette violence se manifestant en moyenne autour de 14 ou 15 ans.
Ces violences se banalisent, si l’on en croit Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'Ifop, qui commente cette enquête dans le Journal du Dimanche : « Nous ne sommes pas sur des phénomènes ou des situations très rares, mais sur des faits de société. Cela se passe dans toute la France et dans tous les milieux. » La présidente de l’association Paroles de Femmes, Olivia Cattan, s’inquiète pour ces jeunes filles qui n’osent rien dire quand on leur met la main sous la jupe à la moindre montée d’escalier : « curieusement, elles n'ont pas de réaction. Parce que cela arrive tous les jours, parce que c'est devenu banal », déclare-t-elle au JDD. Hier, dans le cadre de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, l’association Paroles de Femmes appelait à la mise en place d’un programme de prévention des violences sexistes dans tous les établissements scolaires. Une requête devancée par le gouvernement, qui s'était mobilisé pour cette journée.
La ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem s’est elle aussi exprimée dans le JDD pour annoncer un plan gouvernemental pour prévenir la violence sexiste à l’école. Baptisé « ABCD de l’égalité », le programme sera expérimenté en 2013 dans cinq académies puis dans toute la France. Ce projet devrait comprendre l’introduction de l’éducation à la sexualité prévu dans les textes depuis plusieurs années, mais aussi d’un module de formation consacré à l’égalité et à la déconstruction des stéréotypes pour les nouveaux professeurs et les personnels du monde de l’éducation. Enfin, la ministre a promis d’ouvrir la porte de la classe aux associations de lutte contre les violences et le sexisme, parce qu’elles sont « les mieux placées pour faire ce type de prévention. » Ces associations sont de fait sensibilisées au silence des victimes de violences : 46% disent garder le silence face à leur agresseur, et 32% lui parlent, mais au final 92% des agressions restent impunies. Enfin, 55% des victimes d’agression sexuelle affirment garder un sentiment de honte. Les trois-quarts des jeunes femmes de moins de 25 ans interrogées sont favorables à une prévention du sexisme dès l’école primaire.
Crédit photo : Comstock
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