Convaincus qu'il leur est, entre autres, impossible de les protéger suffisamment, un parent français sur deux estime qu'il est difficile aujourd'hui d'élever ses enfants. C'est ce que révèle une enquête de l'Observatoire des jeunes et des familles de la fondation Apprentis d'Auteuil, relayée par Le Figaro ce jeudi. Et si certaines familles craignent pour la sécurité de leur descendance, d'autres (17%) s'inquiètent davantage de leur comportement ou de leur difficultés à leur fixer des règles et des limites (13%), tandis que 10% des pères et mères interrogés avouent avoir déjà eu recours à une aide extérieure pour les seconder dans leur tâche éducative. Les inquiétudes sont très diverses et ne permettent pas de dégager un malaise général. D'ailleurs, selon le responsable de l'Observatoire Cédric Leva, « on ne peut pas parler d'un sentiment d'incompréhension entre parents et enfants ».
L'étude permet également de dresser le portrait du chef de famille dépassé. « L'appelant type est une mère monoparentale et la majorité des appels concernent des garçons de 11 à 15 ans, puis les 16 à 18 ans », explique la directrice du service d'écoute Marie de Saint-Laurent qui précise : « Nous sommes aussi contactés par des familles aisées mais qui se retrouvent face à des difficultés majeures qu'elles n'iraient pas confier à une assistante sociale ». Lorsqu'elles appellent, les familles, toutes catégories sociales confondues, se plaignent dans la plupart des cas de « ne pas savoir s'y prendre » avec leurs adolescents, qui ont « besoin d'un cadre » ou des problèmes scolaires. « On sent chez eux une grande angoisse de l'avenir. Certains craignent aussi des dérapages avec les fréquentations du collège », analyse encore Marie de Saint-Laurent.
Dans ce contexte, le discours ambiant sur la responsabilité des parents dans la réussite scolaire de leurs enfants n'est pas fait pour les rassurer. « Ils éprouvent la culpabilité d'être de "mauvais parents", notamment vis-à-vis de l'école. Parfois, ils n'osent même plus appeler tant ils ont peur d'être jugés pour l'absentéisme ou le décrochage de leur enfant. Ceux qui travaillent et ne peuvent pas obliger physiquement ces derniers à s'y rendre traversent de grosses crises d'angoisse », confie la directrice du service d'écoute. Mais qu'ils se rassurent, malgré les difficultés, la famille garde, aux yeux de 78% des 18-25 ans, son caractère protecteur.
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