« Non aux discriminations, non à l’homophobie légale », « Oui à l’égalité », « Si vous êtes contre le mariage gay, arrêtez de faire des enfants homos », « Les parents du petit Poucet n’étaient pas homos » : les banderoles et pancartes fleurissent ce dimanche, de la place de la Bastille au jardin du Luxembourg, où se déplace dans une ambiance bon enfant le cortège des manifestants. Après les manifestations des « anti » ce sont les pro mariage pour tous qui ont fait entendre leur voix. Haut et fort. À grand renfort de slogans et de chants joyeux, tous sont venus avec l’espoir implicite de montrer qu’ils sont plus nombreux que les opposants au mariage gay, qui avaient réuni 70 000 manifestants à Paris le 17 novembre dernier. « On a beaucoup entendu les arguments des anti-mariage pour tous dans les médias ces dernières semaines. Il était important de faire entendre la voix de ceux qui sont pour », se réjouit Jérôme, 26 ans, venu manifester avec des amis. Homosexuels, hétérosexuels, jeunes, étudiants, grands-parents, la foule est bigarrée et nombreuse, venue en famille, entre amis ou en couple. Les parents portent leurs enfants sur leurs épaules ou poussent des poussettes décorées de stickers et ballons colorés. On y voit également défiler les associations organisatrices LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) mais aussi les syndicats (CGT, CFDT, FSU, UNEF), les partis de gauche (PS, Front de gauche, EELV), les associations féministes, de défense des droits de l'Homme, ou encore de parents d'élèves (FCPE) et même un groupe de « croyants unis pour l’égalité des droits ». « Quel bonheur de lire ce type de banderole : « croyants de France (juifs, musulmans, catholiques et protestants) TOUS pour un même amour ! », se félicite Jérôme.
Beaucoup s’interrogent et croisent les doigts : « On est nombreux non ? », « il y a du monde quand même… », « une demi-heure pour aller de Saint-Paul à Hôtel de Ville, on n'avance pas, c’est bon signe … ». Au total, les estimations disent qu'ils sont entre 60 000 et 150 000 à s’être déplacés pour cette grande marche pour l’égalité. « C’est un grand moment de fraternité, tout le monde est réuni pour une même cause, toutes les générations et sexualités confondues. Ça fait chaud au cœur », confie l’un des manifestants. À côté de lui, Cédric, 28 ans, approuve : « On espère que cette manifestation va mobiliser l’opinion publique, démontrer que le débat sur le mariage pour tous est un sujet rassembleur et pas sectaire. Pour moi, toutes ces personnes mélangées, c’est ce que ça montre ! ». Le cortège avance lentement au rythme des fanfares et des chars qui diffusent de la musique. « Si t’es pour l’égalité tape dans tes mains », entonne l’une des organisatrices, aussitôt reprise par la foule qui la suit. Marine, 26 ans, confie : « C’est seulement la deuxième fois que je participe à une manif. La première, c’était contre Jean-Marie Le Pen en 2002 ». La raison de sa présence ? « Je suis hétéro, mais mon meilleur ami est homo. Et j’espère bien que le jour où il rencontrera l’homme de sa vie, il pourra me demander d’être témoin à son mariage ».
Derrière elle, deux hommes d’une soixantaine d’années mettent activement l’ambiance, en sifflant dans des sifflets jaunes vifs. Ils sont une petite bande à s’être déplacée, avec une amie Brigitte, 65 ans. « Je suis venue pour soutenir l’adoption, le mariage, l’égalité pour tous, et pour soutenir mon fils, Thomas, 36 ans, qui est homosexuel », explique-t-elle. « Je veux qu'il ait le droit de dire "je n’ai pas envie de me marier". Aujourd'hui, les homos n’ont pas le choix, il faut que ça change ». Cette ancienne enseignante a vu « trop de jeunes à l’école souffrir de l’homophobie » et manifeste pour qu’on ait enfin le droit à avoir deux papas ou deux mamans. Derrière elle, les banderoles revendiquent le même droit, non sans humour : « Jésus aussi avait deux papas », peut-on lire sur l’une d’elles. « L’UMP aussi a deux papas », rappelle une seconde. Petit à petit, la nuit tombe sur Paris et les manifestants rejoignent à pas mesurés le jardin du Luxembourg. Les voix continuent à scander des « oui, oui, oui à l’égalité » tandis que des petits groupes commencent à s’éparpiller. Alors que certains commencent à quitter la manifestation et croisent les camions balayeurs qui nettoient patiemment derrière le cortège, Arnaud s’interroge, inquiet : « On a passé notre journée à manifester, à montrer qu'on est rassemblés et unis derrière une même cause, j’espère que cette mobilisation ne servira pas à rien ».
Crédit photos : Louis Morin
Mariage gay : l'annonce de Christiane Taubira surprend associations et ministres
Mariage gay : les couples homosexuels à la noce avant fin 2013
Mariage gay : ces politiques qui s'y opposent et leurs arguments
Mariage gay : Nadine Morano ne se sent "pas obligée de marier tout le monde"
Mariage gay : les deux visages des anti