Sébastien Sihr : C'est un nouvel élan pour l'école mais il ne va pas dans le bon sens. Cette circulaire n'aura aucun impact sur la réussite de la scolarisation des enfants de moins de deux ans. Ce n'est pas non plus en annonçant des chiffres que la mesure sera un succès. C'est un fait, aujourd'hui seuls 13% des enfants de moins de trois ans sont scolarisés, alors qu'ils étaient 30 % il y a une dizaine d'années. Ceci étant dit, il faut maintenant joindre la parole aux actes.
La pré-scolarisation ne pourra fonctionner qu'en ciblant les territoires dont on sait que quatre années de maternelle profiteront au développement sensoriel, moteur et langagier des enfants. En fonction de leur milieu social d'origine, ces derniers ne sont pas égaux face à l'accès à la culture. Favoriser la scolarisation précoce pourrait ainsi contribuer à gommer les inégalités, à condition d'adapter les classes concernées aux besoins physiologiques de cette tranche d'âge. La mesure mérite donc la mise en place de collaborations fructueuses de différents professionnels, car le savoir-faire propre à l'éducation des très jeunes enfants mérite d'être enrichie.
La scolarisation précoce doit être une mesure à parte entière. Les enseignements traditionnels devront être remplacés par des activités périscolaires. En termes d'accompagnement éducatif, c'est également une organisation différente ; les effectifs des classes accueillant des enfants de deux ans étant réduits.
S. S. : Pas toujours. La preuve est qu'aujourd'hui, on aborde le sujet en termes de statistiques. Or, nous sommes dans une phase de reconquête pédagogique. L'Education nationale devrait désormais agir concrètement, en partenariat avec les collectivités locales pour mettre en place ce dispositif et remettre au goût du jour les talents professionnels qui se sont perdus. En effet, la suppression de postes d'enseignants ces dernières années ont considérablement réduits les effectifs dans les classes de petite section de maternelle, faisant par la même occasion disparaître certains savoir-faire qu'il est important de réapprendre. Certaines collectivités, qui ont une tradition historique d'accueil des tout-petits, font figure d'exemple dans ce cadre.
S. S. : C'est une journée d'interpellation du ministre de l'Education nationale qui a lieu dans toute la France, alors qu'est présenté au Conseil des ministres le projet de loi sur la refondation de l'école. Nous voulons rappeler à Vincent Peillon qu'il est temps de passer de la phase des bonnes intentions à celles de la concrétisation des projets par les actes. Nous pensons notamment aux grandes mesures annoncées pour la rentrée 2013, à la préparation de la carte scolaire.
Les enseignants souhaitent également le rétablissement d'une relation de confiance avec la hiérarchie. Ces dernières années, beaucoup se sont plaints de contrôles inopinés de leur temps de travail ou de demandes administratives chronophages.
En fonction des régions, cette mobilisation se décline selon différentes modalités, telles que des conférences de presse, des débats, des rassemblements ou des manifestations. A Paris, une manifestation rassemblant tous les enseignants d'Ile-de-France est prévue.
S. S. : Nous voulons remettre un peu de chair dans le débat sur la refondation de l'école, que le gouvernement aille au-delà du slogan sur « la priorité donnée à l'école primaire » et ce projet soit plus lisible. La question des rythmes scolaires, débattue depuis plusieurs années, masque toute la politique éducative du gouvernement et, au fil du temps, a créé plus de troubles qu'autre chose. Aujourd'hui, parents d'élèves et enseignants veulent des perspectives clairement affichées. Nous demandons à Vincent Peillon d'établir un agenda de la « priorité au primaire », mentionnant les mesures sur la réhabilitation de la formation continue, la revitalisation de l'école maternelle, la révision des programmes du primaire, la refonte des dispositifs d'évaluation des élèves, les évolutions de la direction d'école, etc.
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