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Comprendre la réforme des rythmes scolaires en 3 questions
Publié le 7 février 2013 à 11:59
Par Marion Roucheux
Temps périscolaire, semaine de 4,5 jours, mais également hostilité des enseignants, approbation des municipalités, arguments de chacun des partis pour ou contre : difficile de s'y retrouver face aux nombreux débats que soulève la réforme des rythmes scolaires. Le site Rue 89 publie un document émis par l'association Les défricheurs qui explique la mesure phare de la refondation de l'école chère à Vincent Peillon « pour les nuls ». Ce qu'il faut en retenir en 3 points.
Comprendre la réforme des rythmes scolaires en 3 questions Comprendre la réforme des rythmes scolaires en 3 questions© AbleStock.com
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C’est Rue 89 qui révèle ce document qui depuis quelques jours circule chez les parents d’élèves. Intitulé « La réforme des rythmes scolaires pour LES NULS », il est le fruit de l’association « d’intérêt général » Les défricheurs, qui présente ce texte comme un « premier état des lieux sur la réforme des rythmes scolaires ». « Il s'adresse à toute personne encore profane souhaitant faire le point sur le sujet, et/ou réfléchir aux questions de fond qu'il pose à ce jour », précisent les auteurs du document. L’occasion de revenir sur les grandes questions soulevées par cette mesure phare de la refondation de l’école initiée par le ministre de l’Éducation Vincent Peillon.

Qui est pour, qui est contre ?

Les enseignants
« Les principaux syndicats d'enseignants se sont déclarés hostiles à la réforme en l'état. À ce stade, ils attendaient un projet plus ambitieux sur la revalorisation de leur métier et sur des questions de fond (les salaires, les effectifs de classe, les contenus et méthodes d'enseignement, etc.) ». Comme le rappellent Les défricheurs, si la majorité des enseignants s’accordent sur le fait qu’une réforme des rythmes est indispensable, ils regrettent que cette réforme se fasse avant une réelle refondation des programmes de 2008, jugés « trop rigides et peu porteurs ». Autre point de discorde : alors que la majorité des enseignants du primaire sont des femmes, une demi-journée de travail supplémentaire par semaine entraînera nécessairement des coûts supplémentaires de garde et de transport pour ces dernières qui ont des enfants à charge. Ce, alors qu’aucune revalorisation des salaires n’est prévue par le gouvernement.

Les municipalités
Les municipalités en revanche, « sont globalement favorables à la réforme », même si cette dernière aura un coût élevé : jeudi matin, l’Association des Maires de France estimait le coût de la réforme à 600 millions d’euros, chiffre que le ministère de l’Éducation nationale n’a pour le moment pas souhaité confirmer ou infirmer.

Les parents
Enfin, la réforme ne fait pas l’unanimité auprès des parents. Si le principal syndicat de parents d’élèves, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), s’est prononcé « en faveur de la réforme au niveau national et souhaite son application dès la rentrée 2013 », ce n’est pas le cas au niveau de certaines villes ou collectivités. 

La question fantôme du temps « non scolaire »

L’objectif principal de la réforme est de voir le temps scolaire quotidien des enfants diminuer, afin d’alléger leurs journées. Or, « les enfants du primaire continueront d'aller à l'école de 8h30 à 16h30 (hors étude) ». Comme l’expliquent Les défricheurs, « les parents profanes doivent comprendre que les temps scolaire, périscolaire et éducatif ne sont pas tout à fait la même chose ». Le temps scolaire est « le temps du programme scolaire incombant aux enseignants de l'Éducation nationale », le périscolaire comprend la pause méridienne, le goûter et l'étude, et enfin le temps éducatif comprend tout ce qui est « hors enseignements fondamentaux, donc "plus léger" et pris en charge par les enseignants et/ou les collectivités territoriales ». « Le temps éducatif est donc à ce jour un temps intermédiaire entre le scolaire et le périscolaire », souligne le texte. Or, « en filigrane de ce sujet, c'est une opposition tacite entre le temps de vie scolaire et le temps de vie privée de l'enfant qui est en jeu ». Un enjeu politique qui voit d’un côté « des parents ayant des possibilités et des moyens de garde restreints pour leurs enfants, et donc favorables à des semaines de 4,5 voire 5 jours et des grandes vacances raccourcies », et de l'autre côté, des parents « considérant que l'enfant peut s'épanouir au moins autant hors de l'école qu'à l'école ».

Plus de temps, pour quoi faire ?

« Un projet territorial d’éducation pourra être défini. Il associe les mairies, les conseils d’école, les associations et les administrations de l’État… Tous les partenaires seront impliqués (…) La responsabilité finale reviendra au directeur académique des services départementaux de l’Éducation nationale », précise le décret. Selon Les défricheurs, cette question du projet éducatif territorial est le défi majeur de cette réforme. Car « si l'allègement du rythme scolaire implique le développement d'activités artistiques, créatives et sportives sur le temps éducatif du midi et de l'après-midi, encore faut-il que ces temps aient une portée, une nouvelle force pédagogique ». Un temps pédagogique qui doit être pensé avec « ambition et inspiration », ce qui pour Les défricheurs suppose une « réflexion de fond sur la participation des territoires au projet éducatif, sur le décloisonnement au sein de la communauté scolaire entre enseignants, personnels municipaux, parents, acteurs territoriaux, municipalité ». Et de conclure : « En marge de la question des rythmes, c'est le sujet du contenu et des modalités de mises en place des nouveaux temps éducatifs et périscolaires, qui apparaît de plus en plus comme étant le sujet clé ».

Télécharger La réforme des rythmes scolaires pour LES NULS par Les défricheurs (pdf)


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