On croit ne pas bien comprendre, à la lecture de cet article du New York Times signé Christina Hoff Sommers, qui lance un appel au sauvetage des garçons, opprimés, selon elle, de l'école élémentaire. Cette ancienne professeure devenue chercheuse résidente à l'American Enterprise Institute commente en effet les résultats d'une étude parue dans le Journal of Human Resources en janvier 2013. Intitulée « Compétences non cognitives et disparités de genre dans les notes des professeurs : des preuves dès l'école primaire », cette étude démontre que les notes délivrées par les enseignants ne correspondent pas aux scores réalisés par les élèves lors de tests standards. Si les filles surpassent les garçons en lecture, ceux-ci réussissent au moins aussi bien qu'elles en maths et en sciences. Pourtant, dans toutes les matières, les garçons n'obtiennent pas des notes à la hauteur de leurs aptitudes réelles. L'étude met en lumière des critères détachés des compétences cognitives justifiant cet écart de notation : l'attitude des garçons.
Sous-notés car indisciplinés
L'attention en classe, la curiosité, l'assiduité, la capacité à rester tranquille et à être autonome : toutes ces compétences expliqueraient la différence de notes entre filles et garçons. Plus turbulents, ces derniers seraient pénalisés implicitement par les professeurs, contrairement aux filles, qui développent en général ces qualités beaucoup plus tôt et plus naturellement que les garçons. Les enseignants auraient d'une certaine façon intégré dans leur notation le présupposé qui veut que les garçons soient plus dissipés et moins assidus. « Aucune étude n'avait démontré que l'écart bien connu entre filles et garçons à l'école commençait aussi tôt et qu'il était presque entièrement attribuable à des différences dans le comportement », écrit Christina Hoff Sommers.
Pour l'auteur de l'essai remarqué « The War against boys » (« La guerre contre les garçons ») paru en 2001, ce constat révèle une inégalité entre filles et garçons entretenue par le système éducatif. Pourquoi ne fait-on rien pour enrayer un phénomène qui prend racine dès l'âge de 5 ans ?, s'interroge-t-elle. « Il y a quelques dizaines d'années, quand nous avons constaté que les filles étaient à la traîne derrière les garçons en maths et en sciences, nous avons mis en place des efforts concertés pour les soutenir, avec un succès significatif. Ne devrions-nous pas faire la même chose aujourd'hui pour les garçons ? »
Des classes unisexes et plus de récré
L'auteur propose ainsi de suivre l'exemple des politiques britanniques, canadiennes ou australiennes visant à lutter contre la sous-performance des garçons à l'école. Des programmes les aideraient à devenir plus organisés, plus concentrés et attentifs. « Ils proposent par exemple des thématiques de lecture plus attirantes pour les garçons (science-fiction, sports, espionnage, guerre), plus de temps de récréation (où les garçons peuvent s'adonner à la bagarre pour alterner avec la routine de la classe), plus de classes unisexes et plus de professeurs masculins. »
Des méthodes à inventer
S'il semble nécessaire de s'atteler à réduire les écarts de réussite scolaire entre filles et garçons avec autant d'énergie que pour combatte les écarts de salaires entre hommes et femmes, les méthodes proposées devraient plutôt lutter contre les stéréotypes de genre, et non les encourager. Ce sont précisément ces injonctions de virilité, qui incitent les garçons à se bagarrer pour se défouler et à être indisciplinés pour se faire respecter, qui pénalisent au final leurs relevés de notes.
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