Pour son président, SOS Papa est une"une association féministe"

Publié le Lundi 18 Février 2013
SOS Papa, "une association féministe qui veut l'égalité entre papas et mamans"
SOS Papa, "une association féministe qui veut l'égalité entre papas et mamans"
Dans cette photo : Christine Kelly
En revendiquant un droit de visite pour voir son fils retranché en haut d'une grue à Nantes, Serge Charnay a attiré l'attention du gouvernement sur le fonctionnement de la justice familiale en cas de divorce. A peine 1% des pères ont aujourd'hui la garde de leurs enfants. SOS Papa soutient ces hommes, qui déclarent avoir du mal à faire valoir leurs droits et à rester dans la vie quotidienne de leurs enfants. Interview du président de l'association, Fabrice Mejias.
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Terrafemina : Qu’attendez-vous de cette rencontre avec Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, respectivement ministre de la Justice et de la Famille ?

Fabrice Mejias : Nous voulons déjà que les associations comme SOS les mamans, qui ne rassemblent que 180 membres, arrêtent de mettre le feu aux poudres et reconnaissent que les pères aussi peuvent être des victimes. SOS Papa est une association féministe qui veut l’égalité entre les papas et les mamans. Aujourd'hui, selon une estimation de l'INED (Institut national des études démographiques), 1,3 million de pères sont privés de leurs enfants, soit environ 2 millions d’entre eux. Ce qui explique pourquoi on assiste à des revendications aussi brutales de ces papas qui ne savent plus quoi faire. Ce n’est pas normal de monter sur une grue et de s’y retrancher pour obtenir ce que l’on veut. Mais ce n’est pas un caprice. Les pères doivent être plus soutenus dans leurs demandes. 

Bon nombre de père tentent d’obtenir la garde de leurs enfants mais étant donné les chiffres, il est courant qu'ils renoncent avant d’avoir essayé : c’est comme jouer au Loto, si je suis sûr de perdre, je préfère m’abstenir. Ils ont environ 1% de chances d’obtenir la garde, alors qu'actuellement sur la totalité des jugements de divorce, dans 82 à 87% des cas, les enfants sont confiés à la mère. Ensuite, les 12 à 17% restant sont des cas de résidence alternée. Il est donc toujours aussi difficile pour un papa d’obtenir la garde alors que le fait de priver un enfant d’un de ses deux parents, que soit le père ou la mère, est détestable. Depuis la création de SOS Papa en 1990, il n’y a pas réellement de changement car si les chiffres de 2010 du ministère de la Justice montrent une amélioration (8% de garde principale pour les papas, contre 77% aux mamans, et 15% en garde alternée), ce n’est qu'un épiphénomène.

Tf : Quelles sont vos revendications principales ?

F. M. : D’abord, il faut arrêter de dire que les pères ne peuvent pas être victimes et qu'ils sont forcément de mauvaise foi. Il y a bien sûr de mauvais papas, d’autres qui refusent de payer la pension alimentaire, mais ce n’est pas une généralité. Nous avons observé que bien souvent si la pension alimentaire n’est pas versée, c’est parce que la mère bloque la transmission de ses cordonnées bancaires. Il y a aujourd'hui au moins cinq moyens coercitifs de forcer ce versement. Et quand les pères ne peuvent payer, la CAF se substitue au papa.

Les 40% de pensions alimentaires non versées évoquées en grande pompe pendant le quinquennat Sarkozy n’étaient qu'un phénomène d’annonce. C’est totalement faux et je défie quiconque de nous prouver concrètement le contraire. Il y a aussi des comportements déviants chez les mamans. Il faudrait encadrer plus sérieusement la destination de la pension alimentaire. Les papas veulent aussi savoir à quoi elle est destinée.

Tf : Quelles solutions proposez-vous ?

F. M. : La solution aujourd’hui, c’est de rétablir l’égalité et l’équité de la justice familiale. Si les pères sont condamnés à plus de 80% pour des faits de soustraction d’enfants, les mères, elles, ne sont poursuivies que dans 16% des cas, et seules 4% d’entre elles écopent d’une condamnation. Pourtant, les deux délits sont identiques. Mais les autorités appliquent deux poids, deux mesures : c’est l’application d’une loi au sexisme avéré. Il paraît aberrant que pour deux heures de retard, un père puisse être condamné à un an de prison avec sursis.

Nous pensons que la solution de la résidence alternée, qui permet ainsi de reconnaître la parentalité conjointe, doit être envisagée plus systématiquement. La coparentalité est avant tout un avantage pour l’enfant et ses droits. Aujourd'hui, au vu du droit européen de l’Enfant, la France est coupable car elle accorde la toute puissance aux mères. 

Le site de SOS Papa

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