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Chantal Jouanno : son "cri d'alarme" pour interdire les concours de mini-miss
Publié le 27 février 2013 à 16:13
Par Marion Roucheux
Il y a un an la sénatrice Chantal Jouanno rendait un rapport alarmant sur l'hyper sexualisation des petites filles. Elle présente aujourd'hui une proposition de loi, visant à protéger les enfants en interdisant les concours de mini-miss ainsi que l'utilisation de mineurs de moins de 16 ans comme égéries de marques. Interview.
Chantal Jouanno : son "cri d'alarme" pour interdire les concours de mini-miss Chantal Jouanno : son "cri d'alarme" pour interdire les concours de mini-miss© Abaca
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Terrafemina : Il y a un an vous rendiez un rapport sur l’hypersexualisation des jeunes filles, commandé par la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale Roselyne Bachelot . Vous y pointiez du doigt un phénomène grandissant et dangereux pour nos enfants. Quel a été l’impact de ce rapport ?

Chantal Jouanno : J’ai rendu ce rapport le 5 mars 2012, et depuis, à part un impact médiatique fort et une réelle prise de conscience collective face à l’hypersexualisation des fillettes, il n’y a pas eu de suite concrète. Les conclusions de ce rapport n’ont donné lieu à aucune mesure législative, malgré le discours de pédagogie qui a été tenu. Je m’étais laissé un an pour voir des mesures prises, faute d’action, j’ai donc décidé de présenter un projet de loi pour accélérer les choses.

Tf : Dans ce projet de loi que vous présentez mercredi, vous reprenez l’une de vos recommandations principales, à savoir l’interdiction de faire des mineurs de moins de 16 ans des égéries de marques. En quoi est-ce une priorité ?

C.J. : Je considère que quand une marque transforme un mineur en symbole de beauté, en érigeant l’apparence comme valeur suprême et à des fins purement commerciales, il est difficile pour un enfant ou adolescent du même âge de ne pas s’identifier à cette image. Avec tous les dangers que cela comporte, notamment de rapport à son corps et à l’image de l’autre. Le mineur est transformé en objet de consommation et en objet sexuel et j’estime que jusqu’à leur majorité il faut laisser leur enfance aux mineurs. C’est important, d’autant plus que la banalisation des codes pornographiques et de l'hypersexualisation vient de la mode : il me paraît donc normal que la mode soit à l’origine de la solution à ce problème.

Tf : Vous reprenez également l’une de vos propositions avancée il y a un an, à savoir l’interdiction d’organiser des concours de beauté chez les moins de 16 ans. Alors que ce phénomène reste rare, est-ce vraiment une priorité de légiférer ?

C.J. : C’est absolument fondamental, même si en effet le nombre d’enfants concernés n’est pas majoritaire, car c’est un symbole fort. Contrairement à ce que l’on pense, le phénomène des mini-miss existe en France et laisse croire qu’une petite fille peut se déterminer par son apparence. C’est choquant de sélectionner des enfants sur des critères physiques et de séduction, on est loin du principe de respect que l’on pourrait être en droit d’exiger. Je ne comprends d’ailleurs pas qu’après la vague d’indignation qu’a soulevé le rapport rendu il y a un an, personne n’ait bougé. L’hypersexualisation a pu se développer dans le silence le plus complet cette dernière année, et les concours de mini-miss continuer. Nous sommes dans une société de l’image, et si l'on ne prend pas de mesures symboliques et fortes, le phénomène ne fera que s’accentuer, comme chez nos voisins anglosaxons. Si on n’agit pas, on verra nos petites filles devenir hyper-sexualisées et nos garçons hyper-viriles. Cette proposition de loi est un cri d’alarme.

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