Todd Risley et Betty Hart, deux chercheurs de l’Université du Kansas, ont étudié les écarts de langage entre enfants issus d’un milieu aisé ou défavorisé et la moyenne. En moyenne, un enfant entend 1 500 mots en une heure, contre 600 pour un enfant défavorisé. En revanche, s’il vient d’un milieu aisé, l’enfant en entend 2 100. Lorsqu’il commence à être scolarisé, c’est-à-dire vers 4 ans aux États-Unis, un enfant aura en moyenne entendu 30 millions de mots, et un enfant de milieu favorisé 48 millions de mots contre 13 millions pour un enfant défavorisé.
Risley et Hart ont également remarqué que les discussions n’étaient pas les mêmes. En effet, dans les milieux favorisés, les conversations avaient tendance à être plus abstraites et plus larges : évoquer des souvenirs, imaginer des choses, parler des perspectives de chacun. Au contraire, les familles défavorisées avaient des discussions plus pratiques : informations fonctionnelles, ordres donnés à l’enfant… En observant les QI des enfants, les deux chercheurs ont observé un écart de 6 points.
Forts de leur découverte sur l’importance du langage des parents dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et de la réussite scolaire en général, Todd Risley et Betty Hart ont imagé un processus pour réduire les écarts entre milieux défavorisés et milieux aisés dans la ville de Providence. Ils ont cherché à favoriser la conversation dans la famille, au moyen d’un appareil d’enregistrement qui permet d’enregistrer 16h et de traiter les données après les avoir triées selon les interlocuteurs. En 10 semaines, les parents de familles défavorisées avaient augmenté leur nombre de mots de 8 000 à 13 000.
Pour Lucien Marboeuf, professeur en France et blogueur, « il s’agit d’un programme typiquement américain », qui est admirable car il vient d’une initiative publique. Une démarche « dont on est trop souvent incapable en France », où l’on a tendance à attribuer la réussite scolaire d’un élève - ou son échec - uniquement à l’école, oubliant que la famille et son environnement jouent un rôle primordial. Sur son blog L’instit’humeurs, il estime que pour réduire les inégalités, il faudrait « mettre en place des actions éducatives transversales dont l’école serait le cœur, certes, mais pas le corps tout entier ».
Victoria Houssay
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