Une demi-journée d’école supplémentaire : telle est la mesure principale de la refondation de l’école menée par Vincent Peillon qui sera mise en œuvre dès la rentrée prochaine pour certaines communes. Au total, plus d’un million d’élèves concernés et autant de familles qui devront s’organiser. Au Laboratoire de l’égalité, on regarde l’arrivée de cette réforme avec attention, et l’idée d’un colloque a semblé indispensable pour faire le point avec les experts, les politiques et les entreprises. Ce lundi après-midi, en présence de la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, le sujet sera ainsi abordé afin d’estimer l’impact de la nouvelle semaine scolaire sur la vie professionnelle des mamans.
« Il y a eu beaucoup de polémique autour de la réforme des rythmes scolaires. On a beaucoup parlé des temps scolaires qui n’étaient pas adaptés au rythme des enfants, on a entendu les professeurs, les parents, les syndicats… Mais on n’a quasiment pas parlé des conséquences de ces réformes sur les femmes en tant que mères et de leur impact sur l’organisation des parents », commente Olga Trostiansky, secrétaire générale du Laboratoire de l’égalité. Or les chiffres montrent que les femmes ont un rôle central au niveau parental et « quand on a besoin d’une présence le mercredi, ce sont majoritairement elles qui se libèrent pour les enfants ». Les working mums vont-elles devoir réorganiser leurs semaines de travail pour suivre le nouveau rythme ?
La question de l’impact de la réforme de l’école sur la carrière des femmes est posée, et à cette occasion, le Laboratoire de l’égalité a réalisé un sondage avec Mediaprism. On y apprend que les trois quarts des parents d’élèves de primaire estiment que les politiques ne tiennent pas assez compte des conséquences de la réforme des rythmes scolaires sur la vie professionnelle des femmes. Ils sont autant à estimer que les maires doivent prendre en compte les conséquences sur la vie professionnelle des mères lorsqu’ils choisiront les modalités d’application de la réforme dans leur commune. Côté impact sur la vie professionnelle, il semblerait cependant que pour le moment, les Français ne soient pas très inquiets : 85% des parents n’envisagent pas pour l’heure de prendre un temps partiel pour s’occuper de leur progéniture le mercredi après-midi.
Pour Olga Trostianski, ces résultats sont surtout dus au fait que les parents sont interrogés à 6 mois de la rentrée et ne se sentent pas encore très concernés par ces changements. « Notons qu’une part non négligeable de parents (un quart) ne sait pas à quelle rentrée démarrera la nouvelle semaine scolaire et que 19% des parents ne savent pas à quel jour est fixé la journée d’école supplémentaire », souligne Mme Trostiansky. « Le sondage a été mené très en amont, d’où la nécessité d’une seconde vague en 2014 pour mesurer les impacts de la réforme ». L’intuition d’Olga Trostiansky ? Si les enfants sont en collectivité le mercredi matin et l’après-midi et que les communes prennent en charge l’organisation de cette journée en continu, alors, « dans un contexte de crise d’autant plus, peut-être que cela pousserait les femmes qui ont opté pour un mi-temps pour s’occuper de leurs enfants de revenir à un temps plein, et de récupérer ainsi 20% de leur salaire ». Cela peut tout du moins « inciter les couples à se poser la question ». Mais pour accompagner les femmes, politiques et entreprises doivent s’emparer du sujet. « Nous allons interpeler les politiques lors du colloque, notamment Anne Hidalgo qui sera présente, afin de savoir comment ils comptent organiser et mettre en place la réforme, ainsi que pour les inciter à mener une vraie réflexion sur les conséquences sur les carrières des femmes », annonce Olga Trostiansky. Cette dernière estime cependant que « du côté de l’entreprise, aujourd’hui c’est encore de l’ordre du hors-sujet ». « Mais pourtant il s’agit d’une problématique dont ils vont devoir s’emparer rapidement. Cela va forcément avoir un impact sur l’organisation des entreprises », assure-t-elle.
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