Ce que vous lui répondez : « Bien sûr, moi, ta mère, je ne mens jamais jamais. Et je ne me trompe jamais jamais non plus. C’est bien pour cela que tu dois toujours toujours m’obéir sans discuter. »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « Je crois que ma réponse va être extrêmement brève : c’est non. L’homme a le langage, l’homme sait parler, c’est aussi pour mentir. Et ce n’est pas toujours mal de mentir. » (Stanislaw Tomkiewicz, psychiatre et psychothérapeute d’enfants et d’adolescents)
Ce que vous lui répondez : « Parce que c’est une vache heureuse. »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : Cela fait plus de cent ans qu’elle rit, et ça fait pratiquement aussi longtemps que les gens se posent cette question. Cette pâte à tartiner a été mise au point en 1921 par Léon Bel qui a déposé la marque Vache qui rit. « À l’origine, le produit ne se présente pas en portions comme on le connaît aujourd’hui mais dans une petite boîte en fer, une boîte de conserve en fait. Comme c’est un produit industriel et que Léon Bel sait que déjà, à l’époque, cela fait peur aux gens, il tient à ce que quelque chose rappelle l’origine du produit, c’est-à-dire le lait donc la vache. La légende veut qu’un jour, en entendant sa femme jouer au piano la célèbre Chevauchée des Walkyries, il ait été inspiré par la sonorité du mot "walkyrie" et se soit dit : "Mais bien sûr, ce sera la Vache qui rit" ». (Guillaume Villemot, auteur de La Chevauchée de La Vache qui rit)
Ce que vous lui répondez : « Je me pose la question tous les matins en regardant ton père ! »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « Je dirais qu’on tombe amoureux parce qu’on est vivant, parce qu’on est sexué, et parce qu’on a besoin de l’autre. L’amour, c’est la plus forte présence de l’autre qui soit possible et nécessaire. » (André Comte-Sponville, philosophe, membre du Comité consultatif national d’éthique)
Ce que vous lui répondez : « Parce que les riches des pays riches veulent rester riches »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « Les pauvres sont souvent loin de nous, nous ne sommes pas tous les jours confrontés à leurs problèmes, à leur misère, alors nous les oublions. Et puis l’immensité du problème, parfois, nous fais peur. » (Esther Duflo, économiste et professeur d’économie au Massachussetts Institute of Technology à Cambridge, États-Unis)
Ce que vous lui répondez : « C’est faux. Tous les enfants aiment les épinards… sauf toi. »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « En fait, on devrait plutôt dire : "Pourquoi une grande partie des enfants n’aiment pas encore les épinards ?" Il y a une sorte d’instinct, quelque chose de très inconscient qui explique cela et qu’on appelle la néophobie. Elle fait que, lorsqu’on est enfant, un aliment qu’on ne connaît pas fait peur. » (Patrick MacLeod, président de l’Institut du goût)
Ce que vous lui répondez : « Pour avoir un bon travail quand tu seras grand, pouvoir payer tes factures et t’occuper de ta vieille mère. »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « On pourrait même ajouter : "À quoi bon vivre puisqu’on doit mourir un jour ?" Parce que chacun de nous a inscrit dans son esprit et probablement dans son cerveau une volonté de vivre et une curiosité pour connaître le monde. La volonté de vivre, cela veut dire aussi la volonté de faire, d’aimer, de bouger, de haïr, de se battre, de regarder, de voir, d’entendre, de se servir de tous ses sens et de vivre une vie pleine. Quant à la curiosité, cela revient à étudier toujours plus le monde qui nous entoure. » (Stanislaw Tomkiewicz, psychiatre et psychothérapeute d’enfants et d’adolescents)
Ce que vous lui répondez : « Mais bien sûr que si, ils sourient. Pense donc à Berlioz, Toulouse et à leur sœur Marie dans Les Aristochats. »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « Je pense que l’on pourrait considérer que l’humain est l’une des très rares espèces à pouvoir sourire non parce qu’elle a une supériorité quelconque sur les autres espèces mais parce qu’elle a une configuration anatomique, psychologique et cognitive qui lui permet, en plus d’avoir envie de sourire, de pouvoir l’exprimer corporellement de façon efficiente. Mais pourquoi ne pas imaginer qu’il y aurait par exemple, dans le ronronnement du chat, quelque chose de l’ordre du sourire ? » (Dominique Lestel, philosophe et éthologue)
Ce que vous lui répondez : « Non, les frites n’existaient pas, les bonbons non plus d’ailleurs. Les chevaliers ne mangeait que des légumes pour devenir invincibles »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « La réponse est clairement non, parce qu’il n’y a pas de pommes de terres en Europe à cette époque. » (Didier Le Fur, docteur en histoire)
Ce que vous lui répondez : « Un homme qui devait avoir quelques problèmes avec les femmes. »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « Sans vouloir être particulièrement féministe, c’est vrai que cela a fait beaucoup de mal au sexe féminin, à travers toute notre civilisation occidentale. Il faut rendre à César ce qui est à César et dénoncer le coupable. C’est la faute d’un père, l’abbé Bouhours, qui en 1676 a décrété, texto : "Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte." Et partant de là, pour lui, le plus noble était nécessairement le masculin. (Marie-Dominique Porée, professeure agrégée de grammaire)
Ce que vous lui répondez : « Tu es amoureuse ? Comment s’appelle-t-il ? Quel âge-a-t-il ? En classe est-il ? »
Ce qu’il aurait fallu lui répondre : « Effectivement, il est très difficile de dire à quelqu’un qu’on l’aime parce que c’est un engagement. Comment l’autre va-t-il répondre ? Est-ce qu’il va éclater de rire ? Est-ce qu’il va me mépriser ? Dès l’instant où je dis à quelqu’un "Je t’aime", j’attends sa réaction et je risque d’être soumis(e) à sa réponse. Mais si il ou elle me répond "Moi aussi je t’aime", alors là, c’est véritablement le paradis. » (Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon)