C’est une épreuve que connaissent toutes les mamans et que découvriront bientôt (si ce n’est déjà le cas) celles en devenir : la recherche de la poussette idéale, engin qui, en plus d’être un vrai casse-tête à trouver, coûte une fortune. Mais à en croire tout le monde, c’est l’outil incontournable pour aider les jeunes parents à survivre les trois premières années de la vie de leur nouveau-né. Pourtant, les poussettes ne sont pas la norme partout et, comme l’explique très justement Mei-Ling Hopgood dans son ouvrage, « il y a des raisons concrètes à cela, qui vont du prix prohibitif pour la majeure partie de la population mondiale, à l’impraticabilité des routes sur les trois quarts du globe terrestre, en passant par la croyance fermement ancrée chez la plupart des peuples, que le bébé a besoin d’être en contact permanent avec sa mère, physiquement attaché à elle, jusqu’à ce qu’il sache marcher ». Cette tradition est très répandue au Kenya notamment, et Patricia Munene fait partie de ces jeunes mères qui ne délaisseraient le portage pour rien au monde. « Porter mon enfant bien blotti sur mon dos me permet d’être en lien permanent avec lui. Quand je vois quelque chose d’intéressant, je peux le partager avec lui, on a le même angle de vision, on est à la même hauteur. Peu importe qu’il comprenne ce que je lui raconte, l’essentiel c’est qu’on communique. J’entends ses petits cris de joie ou de surprise et ça me rend heureuse de sentir qu’il est heureux », a-t-elle confié à la journaliste.
Alors qu’en France, les pédiatres estiment qu’un bébé ne peut être propre avant 18 ou 20 mois environ, « pour les mamans chinoises, le pot c’est à 18 mois au plus tard. Voire dès que l’enfant commence à marcher. Ou même qu’il est capable de s’asseoir seul ». Elles seraient ainsi capables d’apprendre à un bébé d’un an à aller sur le pot, en l’espace de trois jours, simplement en imitant le bruit du pipi : « psiiit, psiiit ». Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, « dans les écoles maternelles chinoises, les maîtresses arriveraient même à faire aller quinze petits de trois ans aux toilettes en même temps, sur commande ». Aujourd’hui, cette pratique ancestrale se perpétue surtout dans les provinces chinoises par les grands-parents, traditionnellement très impliqués dans l’éducation de leurs petits-enfants. « Toutes les deux ou trois heures, selon ce que l’enfant a bu ou mangé, on le tient au-dessus d’un réceptacle quelconque ». Une technique qui ne plaît pas à Ying-Huan, infirmière d’un hôpital local qui conseille aux familles d’attendre que l’enfant ait un an voire un an et demi, que sa vessie soit plus mature et qu’il comprenne à peu près ce qu’il est en train de faire. Mais, admet-elle, il n’est « pas facile de faire le poids contre des grands-parents certes expérimentés mais englués dans la tradition », d’autant qu’avec un salaire mensuel moyen de 300 dollars, les couches jetables, dont le budget s’élève à 8 dollars par semaine, sont considérées comme un produit de luxe.
C’est Barry Hewlett, un anthropologue ayant passé plus de 35 ans au sein du peuple Akas, à l’étudier, qui l’affirme : dès la naissance, les petits Akas passent autant de temps avec leur père qu’avec leur mère, soit 47% contre 53%. Cette « fabuleuse dévotion paternelle » a rendu célèbre cette tribu dans laquelle existe une flexibilité inconnue dans nos sociétés. « Les pères Akas se glissent sans problème dans des rôles habituellement réservés aux femmes, prenant soin des bébés quand les mères sont à la chasse, cuisinant tandis qu’elles montent le camp », et vice versa. Dans le cadre de ses recherches, Barry Hewlett a confronté les pratiques éducatives occidentales et celles de ces pygmées. « Dans nos sociétés, on part du principe que les pères ne peuvent pas consacrer beaucoup de temps à leur progéniture mais que tout va bien du moment qu’ils en font des instants de qualité », constate-t-il. Et d’ajouter : « Après ma rencontre avec les Akas, je me suis mis à douter de la sagesse de cet adage. À me dire que les pères occidentaux devraient être dans une plus grande proximité physique avec leurs enfants et partager leur quotidien autant que possible. On a tendance à ériger une sorte de figure paternelle universelle, mais les Akas brisent le cliché. Ils sont la preuve vivante que les pères ont un rôle à la fois plus vaste et plus souple à jouer, dans la mesure, bien sûr, où la société serait prête à les y encourager ».
Au Tibet, peut-être plus qu’ailleurs, la grossesse est un moment particulier « qu’il faut accompagner de traditions et de rituels spécifiques ». La croyance populaire veut qu’il y ait un lien direct entre l’état psycho-spirituel de la mère et la santé et la personnalité future de l’enfant qu’elle porte. Autant de raisons pour lesquelles les mamans en devenir sont encouragées à méditer, à prier le plus possible mais aussi à multiplier pensées positives et bonnes actions. « Dès qu’elles en ont l’occasion, elles se font bénir par les lamas qui leur prescrivent des prières spéciales », note Mei-Ling Hopgood. En effet, à l’instar de ce jeune père tibétano-américain, les Tibetains en sont persuadés : « Dans le ventre, le bébé est connecté de A à Z à sa mère. Physiquement, émotionnellement, intellectuellement, tout ce qu’il ressent lui vient d’elle. C’est pourquoi il est si important de préserver les femmes enceintes de tout stress. Il faut qu’elles soient heureuses, sereines et joyeuses. Qu’elles ne s’inquiètent de rien ».
Les Asiatiques travaillent-ils mieux à l’école que les autres élèves ? C’est ce que tendent à prouver les statistiques. « Aux États-Unis, ils ne représentent que 5% de la population, mais 15 à 20% de l’effectif des grandes universités comme Yale, Harvard ou Princeton ». Un phénomène qui s’expliquerait par le fort ancrage de la notion d’entraide dans des pays tels que l’Inde ou la Chine, où l’excellence scolaire ne serait pas seulement un sésame vers un meilleur futur individuel. Dans ces cultures, la promotion financière et sociale de l’un transforme la qualité de vie de toute la famille, la faisant passer de la pauvreté à la classe moyenne. Ainsi, chez les Asiatiques, « l’attente scolaire de la famille, de la communauté toute entière, et la manière qu’ont les parents d’inculquer à leurs enfants, de façon précoce, le sens du devoir et du travail font que ces élèves ont une exigence envers eux-mêmes bien plus élevée et rigoureuse que dans les autres cultures. Ils ont conscience des conséquences préjudiciables qu’impliquerait une scolarité mauvaise ou même moyenne, là où leurs camarades se bornent à n’en concevoir que les désagréments immédiats. » Auteur du livre Beyond the Classroom (« Derrière la salle de classe ») et experte en psychologie de l’adolescent, Laurence Steinberg a quant à elle observé que « quand on demande à un élève d’origine asiatique quelle est la note la plus faible qu’il puisse rapporter, il répond 16/20. Chez les blancs, c’est 10/20. Chez les Afro-Américains et les Latinos, on tombe à 7/20 voire à 5/20 ». Différents niveaux de tolérance qui « expliquent la suprématie des écoliers et lycéens asiatiques pour lesquels scolarité ratée rime avec vie ratée ».
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