« On se met ensemble, pour le cadeau des parents ? » Votre sœur est toujours partante. Mais bizarrement, c’est souvent à chaque fois vous qui vous y collez, avancez l’argent qu’elle vous promet de vous rendre dès qu’elle vous voit. Et pourtant… Elle n’a jamais son chéquier, pas assez de liquide, s’en occupera la prochaine fois « comme ça on sera quitte ». Et se trimballe une belle ardoise à votre actif.
Début d’année, la prof principal fait l’appel… s’arrête sur votre nom… réfléchit avec concentration puis semble avoir une révélation, a priori loin de l’enthousiasmer. « Dites-moi, vous ne seriez pas la sœur de Machine ? » Vous, ne sachant trop si vous deviez honteusement nier ce lien du sang qui vous rattache pour l’éternité à celle dont vous ne savez ce qu’elle a encore bien pu inventer : « Euh… si… ». Silence lourd. Puis, la prof, dans un soupir désespéré : « Ça promet… »
Ne riez pas car si ça ne vous est pas encore arrivé, vous ne savez pas. « Tata », quand c’est pour rire et que vos neveux et nièces sont petits, et vous très jeune, c’est craquant. Mais dès lors qu’une semi-ado vous invective bruyamment dans la rue « TatAAAAAAA » devant le beau gosse de la boulangerie, vous regrettez amèrement le jour où vos parents ont décidé d’avoir plusieurs enfants…
Mais nooon, les parents ne comparent jamais leurs enfants, c’est bien simple, ça ne leur vient même pas à l’idée de le faire. Soit. En revanche, les satellites qui naviguent autour de votre fratrie ne se gênent pas, eux, pour commenter vos faits et gestes comme devant des candidats de La Nouvelle Star : « Ta sœur, qu’est-ce qu’elle est sérieuse. Tu devrais prendre exemple, tu sais ! », « C’est fou que vous soyez sœurs, elle est si mince », « Tu feras du piano, comme ta sœur ? Elle est tellement douée… » OUAIS et est-ce qu’elle sait mettre douze Knacki ball simultanément dans sa bouche, la frangine ? Alors...
Non, vraiment, faire savoir à tous vos amis que, petite, vous avez fait pipi dans votre culotte en CP, collé vos crottes de nez dans le tiroir de votre commode pendant des années ou confondu les frères Karamasov avec les Bogdanov, ça n’était pas ce que vous ambitionniez dans la vie. Pourtant, votre merveilleuse sœurette, invitée – pour la dernière fois ! – dans votre cercle d'amis a décidé de sortir les archives. Pour le plus grand bonheur de tous, et votre désarroi le plus profond.
Une sœur, ça se choisit toujours un personnage du paysage familial proche avec lequel elle copine à mort, minaudant de façon parfois exaspérante. Du moins est-ce l’impression qu’elle vous donne. « De toute façon, ça a toujours été ta préférée ! » Ça vous rappelle quelque chose ? Normal, c’est un sentiment universellement partagé, comme celui d’avoir choisi la mauvaise queue au supermarché mais ça n'est qu'une illusion (sisi).
... à quatre ans, font de la flûte traversière, excellent en tennis, football ET criquet alors que les vôtres peinent lamentablement à écrire leur prénom après six laborieuses années d'apprentissage. L’histoire se répète cruellement sans que vous parveniez à vous raisonner. Quoique… vos enfants ne parlent pas chinois, certes. Mais qu’est-ce qu’ils sont forts en bisous-chocolat !
« Si entre sœurs on ne peut pas tout se dire… » Moui, enfin lorsqu’elle vous « dit franco parce qu’il faut bien que quelqu’un te le dise et après tout je suis ta sœur » que votre nouvelle coupe est immonde, que votre mec a grossi, que votre boulot est minable ou que vos enfants devraient aller voir un orthophoniste, vous commencez à douter de la viabilité de cette zone de non-droit dédiée aux sœurs du monde entier. T’es sûre qu’on doit vraiment tout se dire ? Alors RENDS-MOI MON ARGENT DU CADEAU COMMUN !
« Non mais t’as vu c’est ELLE ! Elle est FOLLE non mais tu l’as vue hein maman ? » Pff, même pas capable de régler ses différends (les mêmes depuis 15 ans) avec vous, votre sœur adore prendre d’autres membres de la famille à partie, en particulier maman, qui aimerait bien, dans ces cas-là, se cacher dans un trou de souris. Par ailleurs, tel un arbitre de foot tanné pour supprimer un carton rouge, maman devrait a priori ne pas prendre partie. Ces tentatives sont donc totalement inutiles.
Ou la même musique, se met à adorer le même resto ou à utiliser les mêmes expressions. « Pfft, non, rien à voir avec toi », vous toisera-t-elle alors que vous lui soulignez que c’est étrange qu’elle arbore ce sweat à tête d’animal une semaine après votre acquisition alors qu’elle porte des tailleurs depuis dix ans. Lâchez du lest, vous êtes son IDOLE et puis c’est tout.
Sachez-le, quelles que soient ces petites exaspérations du quotidien, la rivalité entre sœur est obligatoire, et même indispensable, selon les spécialistes, pour se construire, tester ses limites, renoncer à la toute-puissance et apprendre à s’opposer. Bref, cette frangine, c’est une vraie aubaine ! Meilleure nouvelle encore, grandir avec une sœur rendrait plus apte au bonheur. Alors, on envoie illico cet article à la soeurette pour la remercier. Car tout ce qu’elle nous fait ou a fait subir, ça nous aura finalement rendue HEU-REUSE !