De quel droit, déjà, cet arrogant échalas nous a-t-il privé de Roger Federer en deuxième semaine de Roland Garros ? Ernests Gulbis, inconnu des non spécialistes (qui auront rapidement oublié le post-pubère de 18 ans qui avait en 2008 atteint les quarts de finale du tournoi), a en effet sorti en huitième de finale le power papa des circuits (une paire de jumelles et une paire de jumeaux à son actif), la légende vivante des filets, le gentleman de la balle jaune Roger Federer. Passons…
En revanche, revenons sur la conférence de presse qui avait précédé ce crime de lèse-majesté. Interrogé sur ses deux jeunes sœurs et leur aptitude à tenir la raquette, le jeune Letton a surpris son monde. « Vous savez, je pense que les femmes doivent profiter de la vie, elles doivent penser à la famille, elles doivent penser aux enfants. Quel enfant tu peux envisager avant l'âge de 27 ans quand tu es une joueuse de tennis professionnelle ? Ce n'est pas sérieux », a en effet répondu le grand frère décidément très prévenant avec ses soeurettes.
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Peut-on décemment envisager qu’il était sérieux lui-même lorsqu’il a déclaré que « profiter de la vie » pour une femme équivalait à « penser à sa famille » et à « ses enfants », ou que repousser la maternité à 27 ans pouvait menacer son équilibre ? Gulbis aurait-il oublié Kim Clijsters qui, à 24 ans, mettait un terme à sa carrière pour donner naissance à sa fille Jade, qu’elle portait dans ses bras deux ans plus tard en même temps que la coupe remportée de l’US Open ? Aurait-il mis de côté le cas de Evonne Goolagong laquelle, trois ans après avoir mis au monde sa fille, remportait Wimbledon ? De Lindsay Davenport, qui gagnait des tournois l’année qui suivit son accouchement ?
Gulbis aurait-il omis le fait que les femmes, en 2014, deviennent mère à 28 ans en moyenne (largement de quoi prendre le temps de « profiter » de l’adrénaline du circuit avant de « profiter » de celui de pouponner) ? Gulbis serait-il donc le messager d’une époque ancestrale pendant laquelle on pouvait sérieusement se poser la question de savoir si une femme pouvait coacher un homme ?
Le Parisien pose une question cruciale au 21ième siècle : une femme peut-elle entraîner un homme ? (via @Salome_L) pic.twitter.com/GHjXQr6ikE
— Sophie Vénétitay (@SVenetitay) 29 Mai 2014
Non… Gulbis faisait de l’humour, sûrement, ainsi que le suppose Maria Sharapova qui explique que « quand il parle, c’est un grand divertissement ».S’il remporte les quarts de finale, le casseur de raquettes multi-récidiviste rencontrera Novak Djokovic, papa dans l’année. Un match certainement placé, lui aussi, sous le signe de l’humour, si cher à notre nouvel ami Ernset Gulbis donc.
On a hâte, parce que nous aussi on aime rire.