Quand Inès de la Fressange poste une photo d’elle arborant un bracelet multicolore en élastiques tressés, l’heure fashion est grave. Des semaines que vous voyez sans les voir ces étranges petits scoubidous roulottés par dizaines aux poignets des enfants. Vous les avez peut-être aussi repérés sur Nagui et Jean-Pierre Pernault, ou plus aristocratiquement sur Kate Middleton et le prince William. Mais que signifient donc ces bracelets brésiliens des temps modernes, d’où viennent-ils et surtout, comment ont-ils fondu sur l’Hexagone avec tant de fureur et de rapidité ?
The #duchessofcambridge is rocking the #rainbowloom craze, what do you think? yay or nay? http://t.co/9FLbCNov72 pic.twitter.com/x1lvzVvHFy
— Envigado Accessories (@EnvigadoAccess) 26 Juin 2014
Morgane Laurençon, fondatrice avec son époux de la marque en France, nous a raconté les origines du phénomène. Aux Etats-Unis, un papa voyant sa fille tenter d’assembler ses chouchous de cheveux, se rappelle alors un jeu de son enfance en Malaisie qui consistait à fabriquer des bracelets avec des élastiques. Alors que ses gros doigts le handicapent, il décide de bricoler un un métier à tisser avec une planche et des punaises. Quelques (nombreux) calages plus tard, il dépose le brevet du métier à tisser Rainbow Loom et lance le jouet. Les petites filles s’emballent, les produits se vendent par milliers et la success story est lancée. C’était il y a un an au pays de l’Oncle Sam.
Chez les Laurençon, qui ont rapporté d’Amérique le joujou qui rend fou, les enfants des copains adhèrent et en redemandent. Le couple décide alors de mettre les Français à l’heure Rainbow Loom. Alors que les bracelets, en exclusivité depuis octobre à La Grande Récré, n'étaient pas intégrés au catalogue de fin d'année, les rayons se vident pourtant dès janvier à mesure que les cours de récré se remplissent de jeunes tisseuses de moins de douze ans. Bracelets, bagues, head-bands, elles rivalisent de créativité pour impressionner leurs copines, se conseillent, se rancardent et échangent leurs créations comme des seniors, leurs aïeules, papotant tricot. Quant aux garçons, ils auront vite délaissé les Pannini pour tresser eux aussi, aux couleurs de leurs équipes, lorsque la Coupe du monde vint squatter leurs viriles conversations. Depuis, les 600 points de vente français reçoivent quotidiennement la visite de familles excitées à l’idée de tresser, mais bien souvent déçues lorsque les bracelets viennent à manquer. Car voilà, le phénomène est tel que la marque est en rupture de stock, et devrait pouvoir réapprovisionner le pays à partir du 22 juillet.
We have some pretty talented patients. Check out these great Rainbow Loom creations. #RainbowLoom pic.twitter.com/ZEGFULnMs9
— Bellamy Orthodontics (@BellamyOrtho) 24 Juin 2014
>> Rainbow Loom : comment fabriquer son bracelet en élastiques arc-en-ciel (Vidéo) ? <<
Pour l’heure, nous voilà rationnés. Car si les bracelets simples peuvent être réalisés à la main, d’autres créations plus sophistiquées (bracelets à triple rang, bandeau de poignet, petits personnages, fleurettes ou même tapis de sol) demandent l’intervention de fameux métier. Le selfie est mort. Pour être dans la tendance, postez votre tutoriel Rainbow Loom. Internet en reçoit chaque jour davantage, tout comme la page Facebook de la marque sur laquelle ce sont les parents qui, sans relâche, s’échangent leurs conseils et postent leurs plus belles créations.
De phénomène de cours de récré, les Rainbow Loom sont en passe de devenir un loisir créatif à part entière, comme les scoubidous ou le crochet de nos grands-mères. A la rentrée, la marque a prévu de lancer de nouveaux produits, et notamment un métier à tisser qui permettra d’obtenir des formes différentes, ainsi qu’une nouvelle gamme en fin d’année. « 2014 sera l’année du Rainbow Loom en France comme elle l’a été en 2013 aux Etats-Unis », analyse Morgane Laurençon, dont le téléphone ne cesse de sonner. Et ça n'est pas cette photo qui la contredira :
@mayocesar: The Rainbow Loom trend is sweeping the world. Even Pope Francis wear #loombands pic.twitter.com/qXHlYf6FLj
— DesiWomen???) (@DesiWrocking) 25 Juin 2014
>> Rainbow Loom : où acheter les élastiques et le kit pour faire son bracelet ? <<
En attendant de connaître la destinée post-estivale de ces bijoux colorés, fondez sur le métier à tisser qui canalisera pour quelques heures les ardeurs des petits et des grands, de 7 à 77 ans. Enfin, si vous en trouvez…