Réjouissons-nous, car aujourd’hui les pères s’impliquent davantage, sans traîner les pieds, voire même se pressent aux portes des écoles le matin pour déposer ces enfants qu’ils veulent voir grandir, contrairement à nombre de leurs propres pères embourbés dans une carrière à construire. C’est le cas de Boris Vallaud, « monsieur Najat », ancien directeur de cabinet d’Arnaud Montebourg. Lequel tient actuellement en son foyer la place de « numéro 1 », ainsi que le déclara la Ministre la semaine dernière à l’hebdomadaire féminin. « Heureusement qu’il assure », dit-t-elle, « surtout en ce moment où je ne suis jamais [à la maison].
On applaudit, évidemment, ce juste partage des tâches dans un couple moderne où seul un soutien mutuel permet à une chacun d’envisager une carrière chronophage tout en ayant des enfants. En revanche, doit-on tout sacrifier à ladite carrière ? Où se trouve le curseur de cette fameuse conciliation dont on parle tant, dont nous tentons toutes, chaque jour, de ménager l’équilibre certes précaire mais que nous souhaitons « juste » pour chacun des acteurs de nos multiples vies ?
Âgés de 6 ans, les jumeaux de Najat Vallaud-Belkacem ont cette année fait leur entrée en CP, « année essentielle », admet-elle, avant de déplorer toutefois : « J’ai honte, mais je dois avouer que je n’ai pas encore eu l’occasion de les accompagner à l’école ! ». Certes, être ministre est un sacerdoce, et il est plutôt rassurant de savoir que nos élus ont tant à cœur la mission que nous leur avons confiée qu’ils y mettent toute leur énergie. Mais la Ministre ne pouvait-elle ménager un quart d’heure dans son emploi du temps pour venir rencontrer la maîtresse des enfants ?
Loin de nous l’envie de faire le procès de Najat Vallaud Belkacem, que nous avons rencontrée, toujours donnée en exemple, et dont nous aimons tant le naturel, apprécions le combat pour les femmes et l’image moderne qu’elle donne de nous toutes. En revanche, si la question divise, nous le comprenons, et elle serait par ailleurs la même s’il s’agissait d’un homme, Ministre ou non, ayant déclaré lui aussi qu’il n’avait pas « eu l’occasion », boulot oblige, d’accompagner ses enfants à l’école.
Car quelle part devons-nous accorder à notre carrière dans nos vies de parents d’enfants en bas âge ? Comment devons-nous, pouvons-nous, accorder nos emplois du temps pour n’en léser aucun ? Y a-t-il un âge, des événements, auxquels nous nous devons d’assister sous peine de rater quelque chose d’essentiel dans nos existences personnelles que nous ne pourrons plus jamais revivre ensuite ?
Nous n’avons pas la réponse, mais elle se pose en effet.
Et vous, qu’en pensez-vous ?