Inaugurée pour la première fois en 2007, l’exposition « Zizi Sexuel », inspirée du Guide du zizi sexuel, de Zep, le créateur de Titeuf, est de retour à la Cité des sciences de Paris depuis le 14 octobre. S'il y a sept ans, cette exposition destinée aux enfants de 9 à 14 ans, qui aborde la sexualité de manière légère et ludique, avait déjà fait des vagues, c'est sans comparaison avec la mobilisation actuelle contre cette manifestation. Aux avant-postes, l’association SOS Education a ainsi initié une pétition pour faire part de sa réprobation. Se qualifiant d'apolitique mais défendant des positions très conservatrices, cette association dit s'inquiéter des sorties scolaires qui pourraient être organisées à l'occasion de cette exposition.
« En effet, à l’heure où les savoirs fondamentaux, lire, écrire et compter sont de moins en moins maîtrisés, est-il réellement judicieux de prélever encore une demi-journée sur le temps d’apprentissage des élèves pour aller leur faire humer des effluves de pieds ou d'aisselles, leur faire appuyer sur une pédale permettant de dresser un « zizi piquet » qui éjacule, ou leur enseigner la masturbation ? ». La pétition, adressée à la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a déjà recueilli plus de 41 000 signatures.
Comment expliquer que cette exposition inaugurée pour la première fois durant la présidence de Nicolas Sarkozy déchaîne aujourd’hui des passions ? Pour Caroline Mécary, avocate et conseillère de Paris jointe par Terrafemina, « cette polémique s’inscrit dans le mouvement réactionnaire apparu dans le paysage politique français au moment des débats sur l’ouverture du mariage civil à tous les couples ».
Expo "zizi sexuel" : les bons vieux réactionnaires débiles (faibles d'esprit) au taquet... http://t.co/6UlQs2PLzJ
— caroline mecary (@carolinemecary) October 23, 2014
Pour l'élue du 14e arrondissement, il ne fait pas de doute que le nouveau terrain de bataille de ces groupes très conservateurs est l’éducation. Comme en atteste notamment le tollé suscité en début d’année par les ABCD de l’égalité, qui avaient donné lieu à la Journée de retrait de l’école, lancée par Farida Belghoul. « On a affaire à des gens qui vivent encore au Moyen-Age et qui voudraient revenir en arrière car la société n’est plus comme ils voudraient. Toute évolution des droits est vécue par eux de manière illégitime ».
Pour Caroline Mécary, ces crispations autour des questions liées à la famille traduisent surtout un repli sur soi identitaire du à la crise économique. « C’est le phénomène “Mon pays, ma région mon département, mon village, ma famille”. » « Mais l’enfant qu’ils cherchent à protéger et qu’ils ont mis au coeur de cette lutte contre l’évolution des moeurs est un enfant imaginaire », dénonce-t-elle. Avant de conclure : « Ce qui me choque le plus dans cette affaire, c’est qu’une ultra-minorité veuille imposer à tout le monde sa façon de vivre, au mépris de la liberté de chacun. C’est une démarche dictatoriale de la part de gens qui portent des valeurs archaïques. »
>> Le cours de sexualité pour enfants qui appelle une « chatte » une « chatte » <<