Richard Béraud : Il y a déjà eu des exemples de manifestations communes dans les années 1980, mais que les acteurs de l’enseignement privé et ceux de l’enseignement public manifestent tous ensemble avec un affichage identifié, cela reste inédit. Il s’agit d’une manifestation unique, qui traduit le fait qu’organisations du privé comme du public partagent les mêmes intérêts et font face aux mêmes problématiques.
R.B. : Que l’on soit dans le public ou dans le privé, les conséquences des restructurations budgétaires du gouvernement sont les mêmes. Les enseignants des établissements privés sous contrat sont en effet payés par l’Etat, et sont donc confrontés aux mêmes problèmes que les enseignants du public. Les économies budgétaires engendrent avant tout des suppressions de postes ou la non création de nouveaux postes : cela entraîne des classes surchargées et des difficultés pour les professeurs de mener à bien leur mission. Il est plus compliqué pour eux également d’avoir accès aux formations. Le privé est sur ce point concerné au même titre que les autres. D’où le ras-le-bol général ambiant.
R.B. : Par le biais d’artifices, la rentrée s’est bien passée. Il y a en effet des professeurs dans les classes, même s’ils ne sont pas formés et même si les classes sont en sureffectifs. Les stagiaires en formation sont ainsi directement utilisés en poste, et on a supprimé et occulté le personnel de remplacement. La rentrée s’est donc passée à flux tendus et nous craignons la suite de l’année scolaire, lorsque des enseignants devront trouver des remplaçants. De plus, dans le second degré, le gouvernement joue sur le volet horaire : chaque année le nombre d’heures d’enseignement est réduit. Les enseignants n’ont alors pas les moyens d’assurer le programme de base par manque de temps : ils ont alors le choix entre faire des impasses ou bien assurer des cours en accéléré. Avec ce type de mesures, des classes surchargées et des cours effectués dans de mauvaises conditions, à la fois dans le privé et dans le public, on gagne fictivement des moyens et ce sont les élèves qui en pâtissent.
R.B. : D’après les échos que nous avons des enseignants, nous ne ressentons pas de morosité mais plutôt un esprit et une démarche combattifs. Est-ce que cela sera suffisant pour susciter une grande mobilisation lors du 27 septembre ? Nous l’espérons. Nous parions sur une forte mobilisation avec une grande unité d’action : une centaine de manifestations sont ainsi prévues en France et il y a une bonne préparation des organisations. De plus, le 27 est la première étape : le 11 octobre est organisée une journée d’action interprofessionnelle qui permettra de rebondir sur l’élan créé par la première manifestation. Les annonces budgétaires prévoient de moins en moins de postes alors qu’il y a de plus en plus d’élèves : nous ne pouvons pas nous contenter d’une école comme dans les années 1940, les temps ont changé et l’école doit répondre à son temps. C’est pour cela que nous nous mobilisons.
Richard Béraud
Crédit photo : AFP
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