Les études menées ces dernières décennies ont tout dit : il y a eu une véritable classification des différents types d’orgasme par « ordre d’importance », l’orgasme vaginal se hissant au sommet de la hiérarchie, les orgasmes clitoridiens souffrant encore, eux, des critiques de Freud, qui qualifiait cet orgasme d’infantile.
Il y a également eu les différentes manières de le reconnaître. La définition médicale de l’orgasme ressemble à une recette de cuisine : « Quand la femme approche de l’orgasme, le clitoris en érection se retire sous le prépuce clitoridien, et les petites lèvres enflent, deviennent plus foncées et plus sensibles. Lorsque l’orgasme est imminent, le vagin diminue de volume, environ 30%, et se gorge de sang. Les muscles de l’utérus se contractent (…) La lubrification naturelle du vagin est alors intense. ». Selon les uns et les autres, on y ajoute aussi la pointe des seins qui devient plus dure, l’œil qui se dilate, le pied qui se tend, et enfin les spasmes dont le nombre et l’intensité varie, au point que certaines ne voient rien venir et d’autres tremblent de tout leur corps, et/ou se perdent dans les étoiles.
La littérature et le cinéma dépeignent des femmes déchaînées, donnant de fameuses ruades tout en se mordant la lippe. Plus troublant encore, des femmes semblent vouloir dérouter leurs semblables en assimilant leur jouissance à un privilège d’initiées… Plus l’interlocutrice aura l’air dérouté, plus savoureuse sera cette confidence roublarde. Bref, soubresauts incontrôlables, râles, pleurs, exhortations échevelées, saupoudrées de mots salaces font les belles heures de l’imaginaire collectif sur ce à quoi ressemblerait un véritable orgasme. Laissant sur la rive celles qui ne vivent pas cette expérience.
Or, quelques Anglo-saxons commencent enfin à reconnaître, qu’à partir du moment où il y a une montée du désir, puis un climax, il y a bien un orgasme, quels que soient les points du corps qui ont été sollicités et les manifestations ressenties.
Si cette dernière étude insiste sur le fait que 50% des femmes (en France on parle de 30%) n’ont pas d’orgasme par pénétration sans simulation clitoridienne, on a envie de répondre : quoi de plus normal ? La nature ayant créé un organe sexuel qui n’a d’autre fonction que le plaisir, pourquoi l’ignorer pendant l’acte sexuel ?
Venons-en à la souffrance. Peut-on souffrir de ne pas avoir d’orgasmes, tout en reconnaissant avoir du plaisir à faire l’amour ? Ou bien s’agit-il d’une souffrance sociale, d’un besoin normatif ? Il arrive fréquemment que les femmes se plaignent dans les cabinets de sexologues ou sur des sites spécialisés de ne pas avoir d’orgasmes. Il arrive aussi qu’après entretien, elles découvrent qu’elles ont effectivement des orgasmes, mais qu’ils ne correspondent pas à l’idée qu’elles en avaient.
On a envie ici de prêcher pour un peu de pragmatisme.
Soit une femme n’a pas de plaisir à faire l’amour et alors il n’y a aucune obligation à avoir des rapports, que ce soit momentané ou non. Soit une femme a du plaisir, mais ne connaît pas de pic (il faut alors généralement qu’elle connaisse son corps et communique mieux ou plus avec son partenaire). Soit enfin, une femme a du plaisir, qu’elle reconnaisse ou non ses orgasmes. Dans les deux dernier cas, il y a du plaisir, et celui-ci, avec ou sans pic, est un réel plaisir.
Les réactions des points A, points G, glandes de Skenes, clitoris, vagin, sont dictés par le cerveau. Comme dans le cas des médicaments placebos, on peut engendrer des réactions positives ou négatives, selon le message que l’on veut envoyer.
Il ne faudrait pas que ces coûteuses études aient pour finalité de vendre des solutions (de nouveaux médicaments), à des problèmes qui n’en sont pas, ou en tout cas bien moins souvent qu’il n’y paraît.
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