On en parle comme le messie attendu par toutes les pauvres mères au foyer desséchées et en mal de frissonnements sensuels… Le Mommy Porn, nouveau genre dans la littérature érotique, tient-il ses promesses ?
« Mommy Porn », ou le mal-nommé. Une tendance littéraire pour les « mamans », pire, « les femmes d’âge mûr », comme si on avait enfin trouvé le Viagra de celles qui n’ont plus de vie sexuelle… En fait, les mamans blogueuses ont été les premières à lire les ébauches des premiers chapitres de « Fifty Shades of Grey » sur Internet, leur emballement a fait le reste…
Néanmoins, pas mal de lectrices souligneront l’effet décevant de ce terme de « Mommy Porn ». On croyait tomber sur une quinqua délurée, une Samantha Jones capable de prendre autant de kilos que d’orgasmes, à la place de quoi ce sont des midinettes sveltes et pimpantes qui viennent nous donner des leçons. On serait même à la limite de l’agacement, quand l'une oublie de manger à la moindre contrariété (Ana Steele dans « Fifty Shades of Grey » de El James) et que l'autre (Eva Tramell dans « Bared to you », de Sylvia Day) s'enfile sans complexes pizzas sur hamburgers avant de filer à la salle de sport la plus hype de Manhattan. La mommy meurtrie par quelques grossesses pourra toujours tenter de s'identifier.
Inutile de préciser que la lecture du Mommy Porn occupe une bonne partie de vos soirées, et quand Loulou éteint sa loupiotte pour vous faire un bisou voire plus, vous peinez à décrocher le nez de votre bouquin, préférant de loin continuer à reluquer mentalement le torse parfait de Christian Grey dans son jean fétiche de fétichiste… Un conseil avant de vous initier au Mommy Porn : imposez-vous un peu d’auto-discipline, faites comme El James, passez à la pratique avec votre fougueux époux pour ne pas perdre le sens des réalités. Si vous y parvenez, il se peut que vous viviez le deuxième effet Mommy Porn : libido reboostée et envies de jouissance insatiable.
C’est vrai, à force d’imaginer leurs quadruples orgasmes, le sexe peut vite revenir au centre des préoccupations de notre quotidien encombré par les bobos du boulot et les prises de tête de la maison. Là où le film porno, trop cru et peu vraisemblable, ne nous rend pas toujours service, le livre fait office d’aphrodisiaque efficace. Vous ne passerez sans doute pas au bondage ou aux fessées du jour au lendemain, vous n’y passerez même sûrement jamais, mais vous aurez peut-être envie de faire du coït hebdomadaire un jeu plaisant en endossant soit le rôle de la « submissive » Ana soit celui de la dominatrice Eva. C’est au choix, et à en croire le Mommy Porn, vous êtes « orgasmiquement » parlant gagnante dans les deux cas.
L’ultime argument qui prouve que, malgré ses ratés, le Mommy Porn vous veut du bien, c’est qu’il va faire grimper votre cote de chaleur auprès de votre amant, qui devrait se montrer complètement surexcité de vous voir absorbée dans un roman chaud. Ne lui mettez pas de complexes, proposez-lui plutôt une lecture à quatre yeux... et à quatre mains.
« 50 nuances de Grey » , EL James, JC Lattès.
« Dévoile-moi » , Sylvia Day, éditions J'ai Lu.