Un sexologue américain, le Dr. Marty Klein, raconte dans l’un de ses livres que depuis 30 ans qu’il donne des consultations, il entend essentiellement des patients qui disent vouloir avant tout du plaisir et une union plus profonde avec l’autre, mais que, dans la réalité, ces personnes ne font rien pour l’obtenir, toujours occupées à vouloir savoir ce que pense le/la partenaire, ce qu’il/elle voit, et si tout est bien « normal ».
Mais comment en arrive-t-on à oublier son plaisir ? Et qu’est-ce qui est normal, sachant qu’on fait aujourd'hui en moyenne six fois plus l’amour dans une vie qu’au début du siècle dernier ?
Reprenons les choses dans l’ordre : la vie sexuelle commence en moyenne à 17 ans, boostée par une poussée d’hormones, et les jeunes adultes en ont une expérience plutôt basique. L’âge avançant, les relations évoluant, ce n’est plus forcément les hormones qui gardent active la vie sexuelle, mais, a priori, un besoin plus profond d’épanouissement, de fusion, ou de sentiments. L’âge avançant, il y a aussi une transformation du corps, qui s’éloigne de la représentation parfaite qu’en donnent les médias, et au-delà de l’enveloppe charnelle, la lubrification cesse d’être immédiate, l’érection n’est plus si ferme. Les rapports sexuels ne sont plus aussi simples et cela peut créer chez certains une forme d’anxiété. Dans ce cas, il arrive que les personnes abandonnent toute idée de sexe, où qu’elles se tournent vers des échappatoires qui, pensent-elles leur feront revivre la sexualité de leur jeunesse (tchats sur Internet, visionnages intensifs de films pornographiques, etc.).
Un deuxième facteur vient troubler la simplicité des premiers rapports sexuels, c’est, selon le sociologue Jean Viard, le temps libre. Entre l’allongement de la durée de vie, une baisse conséquente de la mortalité infantile et des moyens de contraception qui permettent aux femmes de ne plus faire que deux enfants en moyenne, ainsi que la diminution du temps de travail, les couples font beaucoup plus l’amour qu’autrefois. Selon le sociologue, au début du siècle dernier, on faisait l’amour en moyenne mille fois dans une vie. Ce chiffre serait depuis passé à six mille ! Pour que la sexualité ne perde rien de ses charmes, il faut alors que les partenaires fassent en sorte que les rapports ne soient pas répétitifs, au risque de devenir affreusement monotones. On ne saurait limiter cela à un changement de position : les normes ne cessent de se transformer, nos mœurs et notre morale évoluent en permanence - ce qui valait il y a seulement 20 ou 30 ans n’est déjà plus dans nos principes - et les rapports sexuels s’étalent maintenant sur une durée de cinquante ou soixante ans.
À chacun alors d’ouvrir au mieux le jardin des expérimentations pour s’épanouir en s’affranchissant des idées reçues, d’accepter avec tendresse les changements du corps (les siens comme ceux du partenaire), les modifications du désir, la nécessité constante de laisser fleurir l’imagination.
Crédit photo : Stockbyte
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