De nos jours, tout le monde s’intéresse à la jouissance féminine et les scientifiques semblent tous vouloir rattraper les siècles d’ignorance par des études sans cesse multipliées. Gynécologues, sexologues, psychologues, mais aussi biologistes, sociologues et bien d’autres scientifiques encore dissèquent abondamment la chose. Et voilà que les anthropologues ont aussi leur mot à dire : l’orgasme féminin est-il, ou non, une marque de l’évolution de la sexualité humaine ?
Le jeune professeur Dr. David Puts, anthropologue à l’Université de Pennsylvanie, a publié dans le très sérieux magazine américain Archives of Sexual Behavior, une étude sur deux théories évolutionnistes : l'hypothèse du sous-produit et l'hypothèse du choix du géniteur. Pour lui, résoudre la question de l’orgasme féminin est LE moyen de comprendre la dynamique qui opère dans la relation sexuelle entre humains comme entre primates.
La première théorie est particulièrement sexiste : l’évolution n’est pas directe, la femme connaît l’expérience de l’orgasme parce que la jouissance masculine aurait évolué. Une mutation aurait eu lieu au cours de la préhistoire, qui aurait donné naissance aux orgasmes masculins, afin d’encourager les hommes à distribuer généreusement leur sperme et assurer ainsi la continuité de la race. L’orgasme en forme de récompense, en quelque sorte. La femme se serait simplement adaptée à cette évolution strictement masculine.
L'hypothèse du choix du géniteur
La deuxième théorie, l'hypothèse du choix du géniteur, voudrait que l'orgasme féminin se soit développé pour que les femmes puissent sélectionner de meilleurs géniteurs, ceux dont l’investissement serait sur le long terme, ou ceux qui auraient un sperme de meilleure qualité. Là, le sexisme est inversé, et guère plus flatteur. Il n’est pas non plus clair, si l’on part du principe que pour des raisons diverses, les femmes peuvent simuler et les hommes ne pas savoir si celles-ci jouissent, comment une meilleure sélection s’opérerait.
C’est peut-être la raison pour laquelle la démonstration de ces théories s’appuie en partie sur d’autres études, comme une qui voudrait que l'orgasme augmente la probabilité pour les femmes de tomber enceintes, ou d’autres qui voudraient prouver que les femmes qui ont simulé l'orgasme ont gardé leurs partenaires plus longtemps que celles qui n'ont pas feint.
Beaucoup trouvent ces théories farfelues. Soit parce que la jouissance féminine pendant la pénétration n’est pas toujours si simple ; soit parce que le circuit de production d’hormones et en particulier celles de la récompense (dopamine, ocytocyne, …) sont assez similaires chez l’homme et la femme.
Je reste, moi, dubitative sur d’autres points : pourquoi est-ce que, aujourd’hui encore, la plupart des études sur la jouissance féminine sont faites par des hommes ? N’y a-t-il pas un risque de distorsion de la pensée, pour des raisons tout simplement archaïques ? N’est-il pas nécessaire, pour les hommes, d’éviter tout risque d’altération du rôle du pénis, au risque, dans le cas contraire, de se trouver fragilisés ?
Car les mots peuvent aussi dire ce qui n’est jamais énoncé : lorsqu’on parle de puissance, on pense avant tout à la force d’une nation, ou à celle d’un homme, en occultant généralement la puissance sexuelle.
Lorsqu’on parle d’impuissance, en revanche, il s’agit avant tout de l’impuissance de l’action ou de l’impuissance sexuelle.
Si une étude venait un jour à réduire significativement le rôle du pénis dans l’orgasme féminin, tout un pan de notre économie sombrerait-il ? Le rapport amoureux vacillerait-il ? On frémit à cette seule pensée…
Crédit photo : iStockphoto
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