Cher Clément Guillet, c’est avec intérêt que, âgée de 35 ans depuis peu, je me suis penchée sur votre papier à l’adresse des « cougars » de mon âge. Visualisons un peu cette femme mûre dont vous parlez : Marion Cotillard, Audrey Tautou, Emma de Caunes, Virginie Ledoyen, toutes ayant passé la fameuse barre symbolique… Mmmh oui, effectivement, je vois mieux à quel type de femme vous faites référence en parlant de « femme mûre », cette « femme qui sort les griffes » face à cette « date de péremption précoce ».
Vous arguerez certainement que ce sont Zoe Lawton et Paul Callister qui ont choisi cet âge arbitraire de 35 ans. Cités par la majorité des journalistes glosant sur les « cougars » en raison de leur présence sur la page Wikipédia du terme, nul n’explique pourtant jamais, pas plus que vous, dans quel ouvrage ou sous quel prétexte obscur ces deux individus sont érigés en gardiens du temple de la date de péremption féminine. Ils doivent avoir raison, si c'est Wiki qui le dit.
Mais revenons à la vie sexuelle de cette vieille femme, très « mal vue », dites-vous (Eurk, c’est vrai qu’imaginer Sophie Marceau nue en pleine extase a de quoi mettre mal à l’aise. Brrr, vite, vision infâme, quitte mon esprit !).Puisque cette « femme mûre », n’est plus « l’objet de convoitise qu’elle a été plus jeune » (bha non, faut pas charrier quand même, mémé !), elle aurait donc décidé, selon vous, de prendre le taureau par les cornes en fondant sur la jeune génération, telle une « prédatrice » Grrrr.
Ne nous réjouissons cependant pas trop vite car, selon vous (ainsi qu'un certain Michel Bozon, sociologue de la sexualité), la pauvre serait tellement marquée par sa vie matrimoniale antérieure qu’elle n’aurait plus aucune chance de plaire à des hommes de son âge (nullement touchés, eux, par ces longues années de bière-canapé).Ainsi apprend-on au passage qu'après 35 ans, la femme a forcément déjà été mariée et mère. Désolée les vieilles filles vous apprendrez en ce jour qu'à l'aube de votre 35e anniversaire, vous n’aurez plus ni famille ni sexe. Hard.
Du coup, la pauvre vieille pomme n’aurait d’autre solution que de se rabattre sur d’innocents étudiants, sans entrain toutefois (bha ouais, il manquerait plus qu’elle s’amuse, la vieille !).
Michel Bozon l’affirme : « elles doivent donc se tourner, bon gré mal gré, vers des conjoints un peu inhabituels » (entendez sans brioche ni marmots). Comme pour les apparts, on se retranche sur l’atypique, et on colmate tout ça comme on peut. Fini, l’Haussmanien, on le laisse à de jeunes russes prépubères, tombées en pamoison devant notre bedonnant ex-conjoint.
« Si le concept est plutôt sympathique, progressiste et peut symboliquement ouvrir des horizons amoureux, la cougar reste malheureusement encore un mythe sur papier glacé », concluez-vous, ne laissant nul espoir à la femme périmée à laquelle il reste alors, à la louche, une petite cinquantaine d’années de Bérézina sexuelle à s'enquiller. Espérons qu’elle ait commencé ses expériences sexuelles à 15 ans, histoire d’en avoir profité un peu (vieilles de France unissons-nous et prévenons nos filles rapidos !).
Si encore il lui restait sa vie professionnelle pour compenser ses malheurs, mais non. A priori, son âge, à l’instar de Virginie Efira (repoussante en effet) dans le film, ne devrait pas tarder à représenter un obstacle à son ascension sociale dans l’entreprise. Too bad.
Heureusement, pour frissonner, il lui reste les Feux de l’Amour (hein mémé t'aimes ça, Les Feux de l'Amour ?), qui fêtent cette année, eux aussi, leurs 40 ans. Coïncidence ? Je ne crois pas…
Relire l'article de Slate, "La cougar n'existe pas".
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