Alain Héril* : Généralement le désir est tout ce qui précède l’acte sexuel, ce qui met en appétit. Cela comprend principalement les fantasmes et les projections que l’on fait sur l’autre. C’est la manière d’entretenir la possibilité de la sexualité. Le désir est le préliminaire des préliminaires. On le ressent de manière corporelle mais le premier organe de désir d’un homme ou d’une femme c’est le cerveau. C’est pourquoi quelqu’un de dépressif ne ressent pas ou peu de désir sexuel.
A. H. : Pas vraiment. La différence entre les hommes et les femmes se situe au niveau du scénario qu’on imagine. Dans les deux cas tout part du cerveau mais le désir ne se construit pas à partir des mêmes bases cérébrales. Chez l’homme le désir est déclenché par les zones archaïques du cerveau, celles de l’instinct et du réflexe. L’idée en arrière-plan qui est toujours présente est celle de la procréation. La sexualité est liée à la continuation de l’espèce, soit une donnée instinctive. Chez la femme c’est la partie des émotions qui est convoquée. Le déclenchement du désir vient du système limbique, c’est-à-dire que la femme a besoin de stimulations émotionnelles pour ressentir du désir.
A. H. : Oui il passe par la projection d’images directement sexuelles, alors que pour les femmes, une ambiance, un scénario ou une situation agréable peuvent déclencher le désir. Il est donc moins lié à des choses directement sexuelles.
A. H. : En effet. Il faut savoir que biologiquement, un homme est programmé pour éjaculer au bout de 17 secondes. Évidemment, les hommes font l’effort de durer plus longtemps, pour prolonger le plaisir, et c’est là qu’on entre dans une vraie relation sexuelle qui dépasse le simple coït pour se reproduire. Mais chez la femme, l’orgasme n’est pas lié à la procréation, elle n’en a pas besoin pour tomber enceinte. Le clitoris est le seul organe du corps humain qui soit uniquement dédié au plaisir, et cela change tout. Cela rend l’orgasme féminin plus complexe.
A. H. : Il n’y a que pour les femmes qu’une situation multi-orgasmique est possible ! Elle peut en avoir quatre ou cinq pendant le même rapport. L’excitation provoque un afflux de sang dans les parties génitales. Après l’orgasme masculin, il y a un temps de reflux du sang. Ce temps de latence dure au moins dix minutes. Une femme peut avoir un deuxième orgasme car le sang ne se retire pas. En résumé, la femme est naturellement beaucoup plus puissante sexuellement que l’homme, même si son désir est plus complexe et plus versatile.
*Alain Héril est psychanalyste et sexothérapeute. Dernier ouvrage paru : Femme épanouie, Éditions Payot
Viagra féminin : un gel nasal à la testostérone pour atteindre l'orgasme
Orgasmes : 7 façons de jouir lorsqu'on est une femme
Orgasme clitoridien et vaginal : comment les reconnaître ?