Voilà plus de soixante ans que pression est mise sur les femmes pour les encourager aux rapports sexuels, afin de garantir le taux de natalité, réduire le taux d'infidélité masculine, etc. Tandis qu'une partie du monde scientifique et masculin est en émoi à l'idée que la commercialisation du Lybrido (Viagra au féminin) puisse transformer les femmes en « nymphomanes », on néglige les problèmes masculins, alors qu'un terrain supplémentaire d'entente entre les deux sexes semble à portée de main.
On sait depuis quelques années que le nombre de spermatozoïdes diminue à une vitesse affolante depuis quelques décennies (selon une étude française, le nombre aurait diminué d'un tiers entre 1989 et 2005). Les raisons avancées sont nombreuses : le bisphénol contenu dans les plastiques qui servent à protéger l'alimentation, le stress, l'obésité, les pesticides, les hormones de croissance, le lait, le taux d'oestrogènes dans le soja, etc.
Quelles que soient les causes, il faut ajouter à cela que les hommes qui font moins souvent l'amour – seuls, à deux, à plusieurs - sont plus enclins que les autres à avoir des problèmes de santé. On sait par exemple, depuis la publication d'une étude australienne, que les hommes qui éjaculent plus de 5 fois par semaine entre 20 et 50 ans, échapperont mieux que d'autres au risque de cancer de la prostate lorsqu'ils seront plus âgés (quatrième cause de mortalité par cancer). Les chercheurs avancent l'hypothèse que la réduction de taux de cancer pourrait être due au « nettoyage » des conduits lorsque le sperme est éjecté.
Une autre étude australienne va, elle, à l'encontre des idées reçues : plus les hommes éjaculent, plus ils améliorent la qualité de leur sperme (un homme qui éjacule quotidiennement aura un taux de fertilité supérieur à un homme qui se serait abstenu pendant quelques jours). On comprend mieux pourquoi les banques de sperme américaines demandent aux hommes de donner leur liquide séminal au moins une fois par semaine pendant un an. On comprend surtout pourquoi ce business va prendre de plus en plus d'importance et pourquoi il génère déjà aujourd'hui plusieurs centaines de millions de dollars et continue sans cesse de croître.
Ce qui favorise la fertilité, c'est la compétition. Les expériences tentées sur les animaux montrent que les polygames que l'on force à la monogamie voient leur fertilité décliner rapidement, tout comme la taille de leurs testicules. À l'inverse, les monogames forcés à la polygamie ont vu la qualité de leur sperme augmenter en à peine quelques générations. De la même façon, les hommes sont sensibles à la compétition spermatique. Ce n'est pas un débat monogamique, regarder un film porno où des femmes sont désirables suffit à enrichir la qualité du sperme. Il semble de plus en plus vraisemblable que les raisons, énoncées plus haut, de la baisse de fertilité masculine ne soient pas les seules. Le déclin serait plus ancien, et du à la monogamie. La taille – plus importante - des testicules de nos ancêtres en serait une des preuves. Le fait que les testicules des Homo sapiens sont plus petites que celles des chimpanzés et des bonobos en serait une autre.
Imaginons maintenant un scénario tout aussi fictif que probable : on autorise enfin le Lybrido ou tout autre booster sexuel pour femmes. Elles deviennent des prédatrices, ont plus de rapports avec un plus grand nombre de partenaires. Leurs comportements gourmands inquiètent à juste titre les hommes, qui sentant la compétition grimpante, retrouvent leur taux de spermatozoïdes des splendeurs passées. On se rapprocherait sensiblement du comportement des femelles bonobos (dont l'ADN est très proche du nôtre) qui s'accouplent jusqu'à 7 fois par jour, de préférence avec les mâles les plus puissants. Chaque mâle pensant ensuite la progéniture sienne, assure bienveillance et protection à la femelle.
Le modèle primate à suivre pour réduire les maux des hommes, contribuer au bonheur des femmes et oublier les différents ?
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Le Viagra féminin va-t-il sauver les hommes ?
Publié le 24 juin 2013 à 15:53
Et si l'arrivée prochaine du Lybrido – le Viagra féminin – dans nos pharmacie réglait (aussi) le problème du déclin de la fertilité masculine. Scénario pas si fictif par notre experte sexo Sophie Bramly.
Le Viagra féminin va-t-il sauver les hommes ?© iStockphoto
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