Le dimanche après-midi, quand toute la maison fait la sieste, par bonheur la vôtre tourne au câlin, voire à une séance de sexe complètement torride avec l’homme qui partage votre lit/vie. Il suffit d’une porte mal fermée, ou d’un cri de plaisir qui vous échappe, pour que vos chers petits fassent connaissance avec la sexualité. Faut-il pour autant se planquer chez soi et se bâillonner de peur de les traumatiser ?
S’il a moins de 11 ans, un enfant, a priori, ne sait pas de quoi il est question. Inutile donc de vous interrompre pour lui faire un cours, schéma à l’appui, sur la sexualité. Vous devez vous interrompre, mais pour le rassurer. « Un jeune enfant sera surpris par les bruits ou le mouvement, et croira que vous êtes en train de vous bagarrer », explique le pédopsychiatre Stéphane Clerget*. Votre seul but doit être non pas de vous justifier, mais de lui expliquer que vous ne vous faites pas de mal, et que vous jouez à un « jeu d’adulte ».
Pour ne pas lui donner de mauvaises idées, cette distinction a son importance. « Si un enfant est amené à vous voir faire l’amour, et qu’il assiste à la scène sur un certain laps de temps, il faut veiller à ce qu’il ne cherche pas à faire la même chose avec ses camarades » ; on insistera donc, quel que soit l’âge de l’enfant, sur le fait que ces câlins-là ou ces jeux-là, ne doivent pas être reproduits entre enfants ou entre un enfant et un adulte.
L’erreur à ne surtout pas commettre serait de vous excuser ou d’avoir l’air gêné. Évidemment vous serez mortifiés, honteux et vous culpabiliserez d’avoir manqué de discrétion au point de réveiller le pauvre petit. Là encore, le Dr Clerget nous invite à dédramatiser. « Le parent doit être disponible quand un enfant lui pose des questions sur la sexualité, mais il n’est pas question de culpabiliser ou d’avoir l’air de vous excuser auprès de lui, ce serait lui donner un pouvoir sur votre vie sexuelle, et créer un problème là où il n’y en a pas. » Inutile donc de vous abstenir jusqu’aux 18 ans de vos trois bambins, ni de capitonner votre chambre. Imposez-vous simplement un code de bonne conduite sexuelle.
Si l’on suit le conseil de Françoise Dolto, le parent responsable se comporte à la maison avec ses enfants comme il le ferait avec un invité de marque. Il appliquerait en fait les règles de base du savoir-vivre : il ne pète ni ne rote à table, ne se balade pas nu dans la maison, et importune le moins possible son voisin de chambre. À propos de nudité...
Une question qui pourra trouver des réponses plus ou moins personnelles selon les habitudes et la mentalité des parents. Pour autant, tous que les enfants atteignent un jour ou l’autre cette étape dérangeante de l’obsession des parties génitales. « Quand l’enfant commence à regarder, à vouloir toucher, qu’éventuellement il se masturbe et fait la différence entre filles et garçons, on peut dire que le moment est venu d’éviter les bains et le corps à corps nu avec lui », préconise le Dr Clerget. C’est aussi le moment propice pour faire comprendre à votre petit(e) obsédé(e) qu’il y a certains gestes qu’on ne doit pas faire et d’autres qu’on ne doit pas accepter des autres.
« Un enfant traumatisé ne mange pas ou se met à faire de mauvaises nuits », prévient le Dr Clerget. Un seul conseil : lui parler, et lui poser des questions. Bien plus que les jeunes enfants qui comprennent et passent très vite sur l’explication du « jeu d’adulte », ce sont les adolescents qui ont tendance à être perturbés lorsqu’ils réalisent que leurs parents ont une sexualité. « Les adolescents ne sont pas toujours au clair dans leurs désirs, et il se produit parfois un retour de l’Oedipe, en particulier en cas de séparation des parents. » De fait, l’enfant de 13 ans qui surprend son père ou sa mère au lit avec son nouveau conjoint pourrait bien réagir violemment, mais, là encore, les parents ne doivent pas s’excuser.
Pour la plupart des jeunes, les parents sont surtout des parents, et non un couple, rappelle le pédopsychiatre. « Le malaise de l’adolescent vient de cette réalité refoulée qui devient concrète, il réalise qu’il doit se détacher pour devenir lui-même un adulte. »
*Stéphane Clerget est pédopsychiatre à Paris et auteur de nombreux ouvrages, dont Le pédopsy de poche, éditions Marabout.
5 signes qui prouvent que vous êtes un vieux couple (au lit)
Pourquoi les hommes ont plus besoin de sexe que les femmes ?
Couple et sexualité : pourquoi consulter un sexologue ?