Voilà un fait-divers qui questionne les limites entre les pratiques marginales en matière de sexualité, comme le SM ou le bondage, remises au goût du jour par le succès de la saga porno-érotique Fifty Shades of Grey, et la violence contre les femmes dans des rapports de domination confinant au viol. « Seduction by Kamal », un site de coaching enregistré en Pologne, a été épinglé pour son contenu sexiste et incitant à la violence envers les femmes, par le collectif « Féministe et citoyen ». Un signalement a été adressé ce jeudi au parquet de Paris, et aux ministères des Droits des femmes, de la Justice et de l’Intérieur.
Dans sa leçon sur le Hard sexe, le coach Kamal va assez loin dans la description de la domination à exercer par l’homme sur sa partenaire et donne finalement une description dangereusement proche de ce qu’on peut appeler un « viol » : « Ne lui demandez pas si vous pouvez la pénétrer comme un animal sauvage, faites-le », pouvait-on lire sur le site jusqu'à jeudi (l'article a maintenant été retiré mais il est toujours lisible en cache), juste avant d’autre conseils incitant à se passer du consentement de l’autre… « Montrez-lui qu’elle n’a pas vraiment le choix (...) Prenez le contrôle du rapport sexuel et pensez que votre masculinité passe par des coups de boutoirs infligés. »
Au-delà d’un petit guide en règle de la soumission imposée, le coach continue en défendant la thèse dangereuse et bien connue qui veut que la fille qui dit « non » en veut encore plus : « Elle se plaint ? Pas pour longtemps ! C'est un phénomène naturel de rejet de l'autorité, mais une fois cette barrière franchie, elle s'abandonnera à vous et vous demandera de la défoncer (...) c'est ça en fait la véritable notion du fameux "bien baiser" ». Voilà qui est clair. Le collectif féministe dénonce une apologie du viol et demande la clôture du site… depuis 2012. L’article aurait été signalé sur site Internet.signalement.gouv, sans résultat.
Après les nombreuses opérations dénonçant les épanchements sexistes trop fréquents sur Twitter, et la mauvaise modération de ces abus par le réseau social, le débat fait tâche d’huile sur la Toile. Une pétition a ainsi été lancée sur Change.org pour alerter sur le laxisme des internautes et des autorités face aux sexisme qui sévit en ligne : « Le sexisme en ligne n’a rien de virtuel, affirme les auteurs, le harcèlement subi par des personnalités connues comme par des adolescentes anonymes (ou qui auraient voulu le rester), le racolage des mineures par les pédo-criminels ou les proxénètes, l’omniprésence des images de femmes hypersexualisées et objectivées, dans les contenus personnels, journalistiques, culturels et commerciaux – clichés parfois pris à l’insu du sujet, l’humour sexiste qui alimente la tolérance envers le sexisme, les discours vindicatifs, stéréotypés et dégradants à l’égard des femmes, tout ceci est bien réel. »
Et les signataires de rappeler que « l’incitation à haine, à la discrimination ou à la violence est interdite par la Loi sur la liberté de la presse, article 24 ». La pétition exige notamment l’application de l’alinéa 7, qui punit l’incitation à la violence en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou du handicap, et « une modification de l’alinéa 6 de cette même loi (concernant l’incitation à la discrimination et à la haine) pour qu’il soit étendu au sexisme. Actuellement seules sont concernées les discriminations et la haine motivées par des raisons ethniques, raciales ou religieuses. »
Une autre idée pour combattre le sexisme ordinaire, le site Everyday Sexisme, qui cartonne depuis quelques mois, ou cet autre appel à libérer la parole : Je connais un violeur, le Tumblr où les femmes peuvent raconter leur calvaire.