La population japonaise est-elle menacée d’extinction ? Certains experts se posent la question, au vu des statistiques alarmantes sur la fécondité et le peu d’appétit sexuel des Japonais. Le Guardian a enquêté sur le célibat chronique des hommes et des femmes en âge de procréer (et de « jouir » de la vie), et met en lumière le phénomène des « No Sex », ou quand l’abstinence devient une mode ou un positionnement statutaire, comme le végétarisme. Déjà identifiée en Europe par l’excellent essai de Peggy Sastre, No Sex, Avoir envie de ne pas faire l’amour (la Musardine), cette tendance réunit de plus en plus d’adeptes au Japon. La preuve en chiffres. Flippant.
2012 a été une année record à plusieurs titres : le plus petit nombre de naissances jamais enregistré, soit autour d’un million (1,41 enfant par femme), pour 1 200 000 décès. Plus que jamais la population décroît, et vieillit. De fait, les ventes de couches pour incontinence ont dépassé celles des couches pour bébés.
L’effet « Tanguy » prend toute sa dimension au Japon : sur les 13 millions de personnes non mariées qui vivent encore avec leurs parents, près de 3 millions ont plus de 35 ans.
La conciliation vie professionnelle et vie privée semble impossible alors que les femmes se montrent de plus en plus indépendantes et ambitieuses. Les mentalités culpabilisent encore fortement les femmes qui ne restent pas chez elles pour s’occuper de leurs enfants, si bien que 70% des Japonaises quittent leur job après la naissance de leur premier enfant.
Le mariage, de moins en moins attirant, est considéré comme une étape légale avant d’avoir des enfants : 90% des jeunes femmes pensent que rester seules est préférable selon des chiffres du Japan’s Institute of Population ans Social Security.
D’après une étude de 2011, chez les 18-34 ans non-mariés, 61% des hommes et 49% des femmes n’ont aucune relation amoureuse, soit une augmentation de 10% par rapport à 2005.
Un tiers des moins de 30 ans n’a jamais connu de rendez-vous amoureux ni d’aventure.
Parmi les 16-24 ans, 45% des femmes et plus d’un quart des hommes ne sont pas intéressés par le sexe, selon le Planning Familial japonais.
La population japonaise pourrait être réduite d’un tiers d’ici à 2060.
Un faisceau complexe de causes, entre culture, économie, actualité et politique, expliquent cette désaffection des Japonais pour les relations intimes. La reporter Abigail Haworth fait ainsi le portrait d’une génération broyée par le système, désenchantée par l’accident nucléaire de Fukushima, qui ne trouve plus ses repères dans la famille traditionnelle et le mariage.