La période de fin d'année est une période de festivités, que les convictions soient religieuses ou non. C'est un moment où les individus aiment choyer, être choyés en retour, où il est bon de (se) faire du bien, et, au-delà du rite des cadeaux, les repas s'enchaînent entre agapes somptueuses et nectars qui permettent à tous de goûter à des mets rares, fins, précieux, engendrant délectations et ravissements. Dans le même esprit, ce devrait aussi être le moment de faire l'amour d'une façon un peu exceptionnelle, en prenant le temps, en essayant de raffiner chaque détail, et se rapprocher de ce qu'il est indiqué de faire dans la Genèse : « ne former qu'une seule chair ».
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Si 52% des Américains sont insatisfaits de leur vie sexuelle et si les Anglais entre 17 et 44 ans ne font plus l'amour que 4 fois par mois, il est vraisemblable qu'en France aussi, mille occupations passent avant les voluptés de l'amour. Et si la stabilité amoureuse a ses avantages, elle peut cruellement manquer de piquant. Pourtant, sortir de l'ordinaire n'a rien à voir avec des acrobaties impossibles, mais tient en trois points seulement.
Nous vivons dans un monde d'images, c'est l'œil qui est constamment sollicité, et avant tout sur le terrain de la séduction. Or, être apprêté ne saurait suffire sur la longueur, il faut solliciter aussi les autres sens. De bonnes nouvelles odeurs dans la maison, sur la peau, peuvent stimuler une libido endormie. Tout comme un bon verre de vin rouge à déguster les yeux dans les yeux (pas plus, car ensuite les érections ont du mal à être maintenues) ne réveille pas que les papilles. La musique a des liens si ténus avec la sexualité que les mots d'« hymne » et « hymen » ont la même racine. Un rythme lascif ou plus scandé peut changer le rythme habituel du mouvement des hanches et suffire à de nouvelles extases. La parole peut aussi faire des miracles, qu'il s'agisse de mots doux susurrés au creux de l'oreille ou de paroles crues qui alimentent très directement le bas-ventre. La peau est un organe sensoriel capital, répondant la première à tous les stimuli extérieurs. Sa riche innervation, qui varie en fonction des régions cutanées module la sensibilité et suffit à elle seule à porter jusqu'à l'extase.
Il faut que l'amour soit un festival de tous les sens.
Les journées sont si denses et les sollicitations si intenses, que beaucoup sont trop exténués le soir pour faire l'amour, à une heure tardive cela peut ressembler à une corvée. Si la relation sexuelle détend tant et si bien qu'elle permet aussi de mieux dormir, pratiquée le matin elle est tonique, et certainement la plus belle crème de beauté possible. Certes, cela oblige à mettre plus tôt le réveil, mais l'amour matinal est affranchi de toute fatigue, de toutes sollicitations, et donne des ailes pour le restant de la journée.
L'interdit est un moteur puissant, essentiel de l'excitation, mais transgresser ne signifie pas de faire des choses risquées ou illégales. S'envoyer des sextos aux heures de bureau, en livrant fantasmes ou envies, active la libido des deux partenaires. Faire l'amour au salon (là où d'ordinaire s'asseyent les invités) ou à la cuisine (où le dîner familial est habituellement préparé), dans la douche, ou debout, contre un mur dans l'entrée (avec le risque que quelqu'un sonne ou passe à proximité), suffit à mettre en parfaite connivence avec son partenaire, crée une fusion dans le risque pris et encore dans le souvenir à partager secrètement devant les autres. Une autre façon de « ne former qu'une seule chair ».
Profiter des fêtes peut aussi consister à s'interdire les positions usuelles pour en inventer d'autres. Ce qui compte, c'est l'habitude d'une constante attention mutuelle, au point où le corps suffit à une parfaite communication.
Une vraie réjouissance, une fête des sens, en somme.