Il est des sujets avec lesquels il ne fait pas bon flirter. La pub en fait souvent les frais, et c’est aujourd’hui Perrier et l’agence Ogilvy, à l’origine du nouveau spot publicitaire pour les « slim can », les canettes qui affolent les femmes en chaleur, qui en fait les frais.
Dans ce petit film qui met en scène des copines en mode « Sex and the City » version « second degré » (un peu raté), on assiste à un debrief sur la taille et le goût sans que jamais l’objet des convoitises ne soit cité. « J’en ai jamais vu d’aussi longues », « O My God ! »… Ces trentenaires digitales décomplexées papotent sex-toys, c’est sûr, devant le rouquin venu les interroger sur leurs marottes extatiques. « Moi, grand ou petite, du moment que j’en ai une », « Nous à la gym, le coach vient toujours avec une grosse qu’on se partage à quatre », « Eh, du moment que ça rentre, hein»…
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Sur ce, notre VRP ès joujou orgasmique décalotte sa fameuse canette. Emoi dans l’assistance et on repart de plus belle dans la métaphore filée : « Vous croyez que la taille, ça change le goût ? », « Mais nan, elles ont toutes le même goût »… Quant à la vidéo, postée par la marque sur Youtube, elle est accompagnée d'un texte on ne peut plus clair : « Quand on parle de plaisir, la taille compte toujours. Un groupe de femmes nous livre ses secrets pour atteindre le plaisir ultime. »
Depuis la diffusion, Twitter s’enflamme pour ce spot jugé sexiste, consternant, lourdingue, interminable, « nul nul nul, attendu et de mauvais goût ». Bref, la gorgée ne passe pas. Pourtant, dans les eighties, lorsque la marque avait osé une main féminine caressant une bouteille de Perrier qui finissait par exploser sous cette masturbation à peine voilée, laissant jaillir le divin breuvage, on avait aimé son culot.
C’est dire si ça n’est pas l’allusion sexuelle qui dérange dans cette réunion Tupperware version 2014 mais bien l’image des femmes qu’elle donne, soit celle de décérébrées affamées de sexe, toutes planquant des Rabbits dans leurs tiroirs de tables de nuit, ambitionnant même pas secrètement d’être honorées chaque jour par ce sexe mâle, objet exclusif de toutes leurs conversations.
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Oui, on comprend bien l’humour tapi dans l’ombre, mais malheureusement laissé en coulisses. Car la scène est has-been, tout comme Sarah Jessica Parker et ses copines, dont on suivait avec assiduité les aventures il y a plus de dix ans, hein. Et si l’objectif était peut-être de remplacer l’éternelle femme présentée comme un objet sexuel par son homologue masculin, le résultat est raté. Bref, ni franchement sexiste, ni vraiment marrante, cette nouvelle pub ne serait-elle pas simplement loupée ?