il n’y a pas que les sondages pour essayer de comprendre les pratiques sexuelles des uns et des autres et prendre le pouls sexuel d’une nation. Le cinéma populaire américain à souvent osé des scènes de sexe audacieuses destinées à marquer les esprits : « Le facteur sonne toujours deux fois », « Basic Instinct », « Crash », « 9 semaines et demi », « The Secretary », etc. Le fait est, il ne cesse de surprendre, comme si la sexualité des Américains s’enrichissait au fil du temps, s’affranchissant doucement du carcan de la morale. Au point même où les fellations et les cunnilingus abondent.
Extrait de « 9 semaines et demi» (1986) avec Mickey Rourke et Kim Basinger
Qu’est devenu le pays des « Valseuses » ?
Nombreuses sont les fellations qui ont marqué le cinéma : « L’empire des sens » du regretté Nagisa Oshima (Japon, 1976), « Le diable au corps » (Italie, 1986), « The Brown Bunny » ( USA, 2004, de Vincent Gallo avec Chloë Sevigny), ou « Lie with me » (USA, 2005), etc. Mais peu sont françaises et rares sont celles qui ont marqué les esprits, le plaisir semble absent. « Romance » (1999) de Catherine Breillat, « Baise-moi » de Virginie Despentes (2000), « In Extremis » (2000) ou « Q » (2011) sont plutôt dans le registre de la douleur, de la souffrance ou du plaisir dépourvu d’attente, de raffinement, d’excitation. Les scènes de sexe en France sont pour l’essentiel des démonstrations dramatiques (il n’y aurait pas de fiction dans la jouissance, disent-ils). Pourtant, nous étions le pays de « 37°2 le matin » (1986), et celui des « Valseuses » (1974).
Bande annonce de «Lie with Me » (1986) avec Eric Balfour et Lauren Lee Smith
Bande annonce de « Q » (2001) de Laurent Bouhnik
La situation se corse si l’on cherche les cunnilingus (qui, dans la tête de nombre d'hommes, servirait surtout à « retenir leur partenaire », passons…), à moins des scènes entre lesbiennes (« Gazon maudit » - cependant les comédies ne permettent pas l’émoi - ou « Adèle » qui semble surtout le fantasme d’un homme). Rien ne semble indiquer que c’est une pratique sexuelle courante et naturelle chez les Français. Lorsque Mathieu Amalric s’y essaie, c’est dans un casting et une histoire strictement américaine avec « Tournée », exception faite de « Les Derniers Jours du monde ». Enfin, dans ce film des frères Larrieu, Karin Viard semble se régaler, assise sur le visage d’un Amalric tout aussi satisfait.
Bande annonce de « La vie d’Adèle » de Abdellatif Kechiche
La longue liste de films américains avec scènes de cunnilingus a l’air de dire que là-bas, les femmes prennent leur pied avec des amants attentionnés. « Charlie Countryman » (2013) avec Shia LaBeouf, « Ken Park » (2003) de Larry Clark, “Greenberg” avec Ben Stiller, « Two Girls and a Guy » avec Robert Downey Jr, « American Pie » avec Jason Biggs, « Cartel » avec Michael Fassbender,« Blue Valentine » avec Ryan Gosling et Michelle Williams ou surtout « In the Cut » avec Mark Ruffalo et Meg Ryan dans une scène d’anthologie qui dure près de 2 minutes. C’est maintenant David Fincher qui signe « Gone Girl », avec Ben Affleck qui lèche amoureusement le sexe de Rosamund Park, et, subtil plaisir, elle n’a même pas le physique d’une bombe sexuelle.
Le film « Ken Park » (2003) de Larry Clark
Le débat aujourd’hui, aux Etats-Unis, est de comprendre pourquoi la MPAA (Motion Picture Association of America, Ndlr) censure la plus part des cunnilingus hétérosexuels (ils sont flanqués d’une interdiction aux moins de 12 ou 17 ans), alors qu’ils sont plus tolérants lorsque les scènes sont entre femmes (sauf lorsque les orgasmes sont trop longs !). En France, on voudrait que le débat soit, qu’il y ait de plus en plus de films qui montre le plaisir féminin, abondant et naturel.
En attendant, il reste l’option de voir des films américains, et de les voir avec son partenaire, s’il y a des messages à faire passer …