La lingerie anglo-saxonne s’aventure de plus en plus à redéfinir le périmètre des libertés sexuelles que les femmes peuvent s’octroyer, revendiquer. Les sous-vêtements deviennent un terrain de revendications qui poussent allègrement jusqu’aux terres obscures du sadomasochisme. La semaine dernière la Lingerie Fashion Week avait lieu à New York, regroupant l’ensemble des jeunes marques internationales montantes. La création n’est pas morte : entre défilés de femmes enceintes et terriblement sexy, lingerie romantique sans être pudique, et lignes plus provocantes ou la cravache ressemble à une revendication et non à une soumission, il semble que les marques aient des choses à dire et pas seulement à montrer.
Les marques anglaises de lingerie libertine ont pignon sur rue depuis longtemps, avec une audace jamais tentée de ce côté-ci de la Manche. Après Ann Summers, Coco de Mer, ou Agent Provocateur, l’innovation il y a eu l’étonnant succès de la marque Atsuko Kudo, qui a inventé un style haute couture exclusivement en latex. En 2011, elle a été sacrée marque de lingerie la plus innovante, et Lady Gaga comme de nombreuses autres stars sont devenues addicts. Bas couture en latex transparent à bords de dentelle, porte jarretelles en paillettes de latex, colliers de chiens ou imperméables translucides, la styliste a donné ses lettres de noblesse à une matière qui était associée aux univers les plus sombres de la sexualité.
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A New York, la marque Kiki de Montparnasse à réussi un tour de force similaire avec des sex-toys dans des matériaux rares et précieux (et les prix délirants qui vont avec) et une ligne de lingerie érotique qui offre aux femmes une affriolante alternative aux lignes bon marché, en dentelle de nylon rouge. Mais la plupart de ces marques ont été créées par des hommes et laissent parler leur fantasme sans rien révéler des humeurs féminines.
Or, la Lingerie Fashion Week montrait un grand nombre de lignes créées par des femmes, avec un marketing qui ferait frémir de plaisir Beyoncé, tant elles sont centrées autour de revendications féministes. La marque FYI by Dani Read, a une accroche particulièrement directe : « Women are weapons » (les femmes sont des armes, Ndr). Elle présentait une collection faite de soutiens-gorge à colliers de chien, de bas avec attaches en cuir, des mannequins qui jouaient de tous les codes des femmes fatales, en pleine possession de leurs pouvoirs… Et avec un détail qui faisait la différence : toutes en baskets, pour bien montrer qu’aujourd’hui les femmes ont bien les pieds sur terre et ne comptent rien faire qui ne soit pas de leur plein gré.
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Moins politique, mais créative, la marque Shibue Couture présentait, entre autre, des bas dont le bord de dentelle est retenu à la cuisse par un coeur qui fait office de jarretière. Des slips auto-adhésifs remplacent les poils du pubis par une triangle de dentelle, offrant à voir un coeur pour finir la ligne de la raie des fesses.
You! Lingerie, dont les lignes sont dédiées aux femmes enceintes qui portent fièrement leurs formes, faisait défiler des femmes aux ventres ronds et des poitrines généreuses avec la ferme intention de révolutionner la lingerie pour maternité : ce n’est pas parce que les femmes sont enceintes que la lingerie doit cesser d’être belle.
Féminisme et libido vont de pair. Les femmes – comme les hommes – ne peuvent revendiquer leur liberté et oser agir dans la vie, si elles ne prennent d’abord le plein contrôle de leur désir. C’est bien le discours que tenait Simone de Beauvoir il y a soixante-cinq ans déjà. Il n’a pas pris une ride.
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