Donnons-lui raison. Savez-vous VRAIMENT ce que fait Christian dans la vie, à part regarder par la baie vitrée de son immense bureau tranquillou les mains dans la poche, et froncer les sourcils lorsqu’un appel de boulot vient le déranger pendant ses nombreux et peu avouables loisirs ?
Non.
Non, Christian ne fume pas une clope, ni ne s’endort direct après avoir fait sa petite affaire. Il laisse Ana dormir dans ses onéreux draps de satin et part sans faire de bruit faire quelques gammes sur son piano à queue dans le noir, l’air inspiré, repensant certainement à ces moments intenses partagés avec une femme exceptionnelle.
Ouais, gars. Il part pas jouer à Candy Crush, lui.
Et pas un pauvre scooter, un Velib’ ou ses vieilles godasses pour emmener sa promise dîner. Inutile de vous poser la question, évidemment, c’est lui qui le conduit, et tout cela sans quitter sa passagère des yeux.
Comment ça, qu’est-ce qu’on ferait d’un hélico et où est-ce qu’on le garerait ?
Ses chemises sont encore sous blister rangées dans d’élégants casiers de bois, ses costumes alignés dans un dressing à faire pâlir d’envie Carrie old Bradshaw, il a des petits masques en soie de toutes les couleurs bien ordonnés dans son tiroir. Quant à ses cravates, elles sont roulées sur elles-mêmes et soigneusement rangées et pas JETÉES A MÊME LE SOL (par ailleurs immaculé) !
Comment ça MANIAQUE ?
Sans préliminaires ni de « tu veux pas m’aider », ni même avoir à utiliser ses belles mains manucurées, le Grey, accoudé à son piano sur lequel il vient de revisiter une sonate qu’il connaît de tête, se lève d’un bond, nu (oui, c’est pas très très propre de poser son intimité sur un siège de velours…), enroule les jambes de sa partenaire autour de sa taille et PAF, la pénètre en un instant.
Non, Anastasia n’a pas l’air « choquée », elle est « surprise » voyons.
Quand il ne part pas voltiger en hélico ou en planeur pendant que ses collaborateurs se tapent tout le boulot à sa place, Christian zone en voiture de sport. « C’est laquelle, la vôtre ? » demande Ana dans le garage. « Toutes », répond d’une voix rauque notre pilote qui en a vu d’autres.
Certes, on se demande bien à quoi elles peuvent lui servir puisque son chauffeur-homme de confiance trottine en permanence derrière lui pour le conduire où bon lui semble.
>> Fifty Shades of Grey : une bluette panpan cucul <<
Pas qu’on soit vénales, hein. Mais c’est vrai que si notre héros 2015 avoue ne pas être très « fleurs et chocolats », nous aussi, on s’en passerait allègrement. Un ordi cassé ? Zou, un livreur vient vous installer illico un MacBook Air à domicile. Une bagnole pourrie ? Aussitôt remplacée par un mignon bolide tout neuf.
Comment ça, on sait pas conduire ? Et alors ! Rhooo.
Ok, il débarque un peu n’importe quand sans prévenir ce qui, à la longue, peut être un peu gavant (pour peu qu’on se soit pas correctement épilée parce qu’on est en vacances chez sa maman). MAIS, vous remarquerez que Christian Grey ne vient jamais les mains vides. Somptueux verres à vin remplis d’un grand cru, champagne… pas un tête-à-tête sans un apéro classieux. Chapeau melon, l’ami.
Mais oui, une petite récolte de chez Nicolas fera bien l’affaire.
Comme les mannequins Levi's des eighties auxquels E.L. James, l'auteure de la trilogie (un chouia plus âgée qu'Ana), ne semble pas insensible, Grey abuse des codes exagérément virils du cow-boy brut de pomme. Jean déchiré tombant sur les hanches, barbiche de trois jours, notre homme pousse le vice jusqu'à ôter son tee-shirt de façon bien malpratique, mais si sexy. Bref, comme ça :
Qui fait ça ?
« I don’t make love, I fuck hard ». La réplique fera date, et a de quoi émoustiller autant qu’elle peut effrayer. Avouons-le, le genre de type qui balance ça au premier rendez-vous, on n’est pas sûre sûre de rester, et plus encore de faire sa vie avec lui. Et pourtant, en plus d’être un très bon coup manifeste, l’homme au martinet sait se faire plus tendre qu’un meilleur pote secrètement amoureux quand la situation l’impose. Petite valse langoureuse dans le salon avant d’aller dîner chez maman, regards d’agneau sous prozac dès qu’il croise celui de sa dulcinée, monogamie indéniable (ce qui n’est pas à sous-estimer)…
N’étaient ses très gros problèmes personnels, notre homme se rapprocherait-il d’un idéal ?
Ah oui, non, il lui manque quand même un truc qui ne fait pas défaut à notre mec, n'est-ce pas ?
Hein, chéri ?
C'est ça, l’humour…