Comment s’y retrouver lorsque d’un côté une bonne sœur, la Québécoise Marie-Paul Ross (docteur en sexologie clinique), publie un livre « Je voudrais vous parler d’amour… et de sexe » pour convaincre, si besoin était, que la sexualité est préférable épanouie, et que de l’autre on apprend que quatre pays d'Europe (à l'instar de l’Inde et la Chine) pratiquent encore la sélection prénatale selon le sexe, dans des proportions effrayantes : 113 garçons pour 100 filles ? La préférence pour le fils est encore là et bien vive, et l’accès de plus en plus facile aux tests prédictifs accélère le développement de l’avortement selon le sexe.
Pendant que d’un côté nous cherchons à bousculer les archaïsmes, voilà que de l’autre ils se renforcent.
Quelques fois, ils se perdent en route : s’il est acquis dans Le monde des mammifères (dont nous faisons partie) que la parade amoureuse est essentielle à la procréation, chez les humains, nous avons tant fait pour l’amélioration de toutes les techniques de parade, que nous en aurions oublié l’objectif. Voilà qu’à force de régimes pour se rendre plus désirable, le désir d’amour se serait perdu en route chez certaines femmes. Une récente étude anglaise affirme que 54% des femmes pensent qu’un régime est plus important que le sexe et un quart des femmes pense que c’est également plus important que la relation avec un partenaire. Enfin, les femmes se sentent plus coupables lorsqu’elles font un écart dans leur régime que lorsqu’elles ont des relations extraconjugales. Veut-on nous faire croire que l’apparence et la représentation sociale auraient pris une telle place dans la vie des femmes, qu’elles se seraient totalement vidées de leur substance, tels de jolis coquillages vides « sur la plage abandonnée » ?
Heureusement alors que le sens pratique prend le dessus : de même que du temps des cavernes nous avons brillamment développé une capacité à envoyer des signaux de désir en dehors des périodes de fécondation pour que les hommes aident à protéger l’enfant jusqu’à ce qu’il soit autonome pour marcher et manger (trois ans, à l’époque), voilà maintenant que les femmes ont la capacité de jouir pendant leurs cours de Yoga, ce que les Américains appellent déjà les « Yogasms », contraction d’orgasme et de Yoga. On comprendra pourquoi certains professeurs ont un statut de quasi-guru : certains exercices de respiration, notamment dans la position du lotus, tonifient les muscles autour des organes génitaux et peuvent conduire à l’orgasme, ce que les sexologues confirment : « c’est une autre façon pour les femmes de jouir sans se toucher » selon le Dr. Jeffre TallTrees. Si le Yoga peut aider les femmes à mieux s’aimer, dans tous les sens du terme, on enrage à l’idée que jouir sans se toucher puisse être une bonne nouvelle.
Pour se toucher, ou savoir comment se toucher, les Hollandais ont lancé, il y a peu, hoehetmoet.be, un site de cours de sexe, à 2 euros seulement le cours. Apprendre le cunnilingus, la fellation, le sexe entre femmes, la sodomie, mais aussi comment faire l’amour la première fois, ou comment mettre une capote, tout est possible pour ceux et celles qui pensent qu’il faut un manuel pour devenir expert en se passant de l’expérience.
Le site étant uniquement disponible en néerlandais pour l’instant, on se contentera de s’inspirer de Bouddha : son sourire serein et épanoui serait dû à un orgasme éternel qui le fait irradier éternellement. Quand on sait que l’orgasme est également la meilleure recette de beauté des femmes, on voudrait arriver à convaincre que la silhouette n’est rien si elle n’est pas accompagnée de ce regard pétillant qui ouvre la porte des réjouissances. Et si même les bonnes sœurs s’enthousiasment à cette idée, c’est que tout est possible et que viendra un jour (prochain) où le vrai plaisir procuré par la rencontre avec le corps de l’autre reléguera le yaourt à 0% au rayon des articles obsolètes du XXe siècle.
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