La dépendance à Internet touche de plus en plus d'utilisateurs à travers le monde, allant jusqu'à mettre en danger la vie de ceux qui en souffrent. En Chine, un jeune homme de 19 ans, qui souffrait de cette forme d'addiction, s'est auto-mutilé en se tranchant la main, rapportait début février le correspondant du Telegraph dans le pays.
Le jeune accro, qui se trouvait sur un banc public de Nantong, une ville de la province du Jiangsu, s'était échappé du domicile familial avec un couteau de cuisine. Après avoir longtemps hésité, il a finalement coupé sa main droite au niveau du poignet avant d'appeler un taxi pour le conduire à l'hôpital. Sur place, les médecins sont parvenus à recoudre le membre de la victime mais sont restés incapables de prédire si le jeune homme pourrait un jour retrouver le plein usage de sa main.
L'état de ce Chinois addict à la toile ne laissait pas penser qu'il en arriverait à de telles extrémités. Selon le Telegraph, la mère de la victime, qui s'était aperçue de la disparition de son fils en voyant sa chambre vide vers 23h, n'avait aucune raison de croire que celui-ci en viendrait à se mutiler. Elle s'est ainsi déclarée « très surprise de l’attitude auto-destructrice de son fils » qu'elle qualifie de « garçon intelligent ».
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Le geste désespéré de ce Chinois met une nouvelle fois en lumière un mal qui touche plusieurs millions d'adolescents et jeunes adultes dans le pays. Selon une estimation officielle, 24 millions de personnes seraient considérées comme « droguées du web » en Chine. Un chiffre qui explique en partie la croissance phénoménale de cliniques spécialisées. Depuis 2008, la Chine considère l’addiction à Internet comme une maladie à part entière, et voit s'ouvrir sur son territoire de nombreux centres destinées à soigner cette nouvelle génération d'accros.
Mais le pays a également suscité la polémique en autorisant l'ouverture de véritables camps dans lesquels les jeunes sont internés pour être confrontés à des conditions de vie très dures. Dans ces établissements privés, souvent très coûteux, les méthodes utilisées pour contraindre à décrocher d'internet sont réputées très sévères : entraînements militaires, violences physiques et même séances de chocs électriques. « Ils frappaient mes mains à chaque fois que je n'arrivais pas à faire mes exercices », témoigne ainsi une jeune fille dans un extrait de reportage dévoilé par le Figaro.
Selon l'agence Reuters, près de 250 camps de cette nature ont ouvert leurs portes dans l'Empire du Milieu. En 2009, le ministère de la santé chinois a demandé l'arrêt de l'utilisation des électrochocs par ces camps. Sans succès, malgré une contestation de plus en plus forte de l'efficacité de ces méthodes. Depuis, les centres de désintox du web ont été le théâtre d'événements macabres. En 2012, un adolescent est décédé quelques heures à peine après avoir intégré l'un de ces fameux camps. Un drame qui n'a, semble-t-il, rien changé aux pratiques en cours puisqu'en juin 2014, une seconde adolescente, âgée de 19 ans, y a elle aussi trouvé la mort, après avoir été battue par ses instructeurs.
Un garçon de 12 ans reçoit des électrochocs contre son addiction à internet, à Pékin le 17 juin 2005. ©Greg Baker/AP/SIPA